Mgr Martin Werlen a été Père-Abbé d'Einsiedeln de 2001 à 2013 | © Jacques Berset
Suisse

Martin Werlen: «St-Maurice doit communiquer sur les abus»

A la lecture des accusations d’abus sexuels contre neuf chanoines de l’Abbaye de Saint-Maurice en Valais, Mgr Martin Werlen, reste presque sans voix. L’ancien Abbé d’Einseideln, rappelle qu’il avait lancé en 2011, une enquête externe sur les abus au sein du collège schwytzois. Quinze moines avaient commis des abus pendant les décennies précédentes.

Avec kath.ch

«J’ai regardé le reportage de la RTS, indique Martin Werlen interrogé par kath.ch. Effectivement, on en reste presque sans voix. De nombreuses personnes n’ont manifestement pas encore compris de quoi il s’agit – ou ne veulent pas comprendre. (…) Les résultats ne me surprennent malheureusement pas. Ce qui est exigé aujourd’hui est une communication ouverte vers l’intérieur et vers l’extérieur.»

Pionnier dans la lutte contre les abus

L’Abbaye d’Einsiedeln, sous la direction de Martin Werlen de 2001 à 2013, avait été une des pionnières dans la lutte et la prévention des abus.

«En mars 2010, en direct dans l’émission de la TV alémanique 10vor10, la journaliste m’a demandé si je pouvais imaginer une commission d’enquête externe à Einsiedeln. J’ai répondu en substance: pour l’abbaye d’Einsiedeln: Oui, pour la conférence des évêques (CES), je ne peux pas en parler. C’est sans doute la chose la plus importante que j’ai faite pendant mon mandat.»

Une enquête externe en 2011

«La plupart des confrères ont soutenu l’enquête en leur âme et conscience. D’autres l’ont trouvée superflue. Peu d’entre eux ont fait barrage, de partiellement à totalement», se souvient Martin Werlen.

«Auparavant déjà, nous avions régulièrement abordé le thème des abus dans notre communauté et invité des spécialistes à nous en parler. Il me tenait à cœur de ne pas simplement mettre de côté ce problème avec le cliché du cas individuel, mais de découvrir l’aspect systémique. (…) Ce qui n’est possible que si l’on ne parle pas d’abus de manière théorique, mais que l’on examine ensemble des cas concrets et la manière dont ils ont été traités. C’est là que la résistance systémique a été la plus forte.

Une étape importante

Pour Martin Werlen, l’enquête de l’époque a été une étape importante, surtout pour les victimes, pour la communauté elle a permis de développer la prévention. «Personne ne pouvait plus prétendre à l’extérieur que le problème n’existait pas chez nous. Nous devions y travailler.»

En 1998, l’Abbaye d’Einsiedeln a édicté les premières directives contre les abus sexuels. «Elles ont été élaborées sur mandat de l’Abbé Georg Holzherr, en collaboration avec un juriste, une psychologue, un confrère aumônier et moi-même. En 2002, elles ont servi de base aux directives que la commission d’experts «Abus sexuels» a élaborées pour la Conférence des évêques suisses.»

Depuis, et même après la fin de l’abbatiat de Mgr Werlen en 2013, le travail s’est poursuivi de manière intensive. «Récemment, la journée de formation continue de cette année de notre communauté monastique a eu lieu sur le thème ‘Proximité et distance’», conclut Martin Werlen. (cath.ch/kath.ch/mp)

Martin Werlen a été Abbé du monastère d’Einsiedeln de 2001 à 2013. Durant cette période, il a été également responsable du groupe de travail sur les abus au sein de la CES. Depuis 2020, il est prévôt de St. Gerold dans le Vorarlberg (A).

Mgr Martin Werlen a été Père-Abbé d'Einsiedeln de 2001 à 2013 | © Jacques Berset
21 novembre 2023 | 14:36
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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