Medjugorje: 25 ans d’un «miracle» qui embarrasse l’Eglise catholique
Dizaines de milliers de fidèles dans le village bosniaque
Medjugorje (Bosnie-Herzégovine), 26 juin 2006 (Apic) Des dizaines de milliers de pèlerins ont commémoré dimanche 25 juin l’apparition de la Vierge dans ce petit village où il y a 25 ans la madone serait apparue à des enfants.
Des dizaines de milliers de pèlerins se sont réunis dimanche 25 juin à Medjugorje, dans le sud de la Bosnie, à 117 km au sud-ouest de Sarajevo, pour le 25e anniversaire de l’»apparition de la Vierge». Hier comme aujourd’hui, le Vatican demeure toutefois perplexe face à ce phénomène et n’a toujours pas reconnu la «sainteté» du lieu.
Des fidèles du monde entier ont participé à des messes célébrées en douze langues, tout au long de la journée, à l’église Saint Philippe et Jacob située près d’une colline rocheuse où, il y a 25 ans, la Vierge serait apparue à des enfants. Une traditionnelle «marche pour la paix» parrainée par les moines franciscains de la région a fait affluer des milliers de Bosniaques venus à pied vers le lieu de pèlerinage.
Bien que le «miracle» de l’apparition n’ait pas été reconnu par le Vatican, le petit village est devenu un site important de pèlerinage, que même la guerre inter-ethnique qui a ravagé la Bosnie de 1992 à 1995, n’a pas freiné. La «Vierge» aurait d’ailleurs annoncé la guerre quelques mois auparavant.
Le Vatican reste des plus prudents face à ces «apparitions». Dans un rapport publié en 2002, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait observé une croissance significative d’apparitions, révélations et autres phénomènes (stigmates, statues pleurant du sang, etc.) à travers le monde.
Internet favorise la diffusion de ces phénomènes
Les moyens de communication modernes, surtout internet, favorisent une prolifération de messages généralement apocalyptiques, liés aux phénomènes d’apparitions et de révélations. La cardinal Joseph Ratzinger, lorsqu’il était préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a pu qualifier cette prolifération d’apparitions mariales de «signe des temps», mais il a reconnu que ce phénomène pouvait évidemment receler aussi des dangers.
L’enseignement de l’Eglise catholique est par ailleurs clair sur le sujet: la révélation publique a pris fin avec le Nouveau Testament, et aucune révélation privée n’ajoutera quelque chose d’essentiel pour la foi. Raison pour laquelle aucun fidèle catholique n’est tenu de croire aux apparitions, même à celles reconnues par l’Eglise.
Actuellement l’Eglise catholique ne peut affirmer sur la base d’une enquête qu’il s’agirait effectivement d’un phénomène «surnaturel», mais elle n’a pas non plus déclaré que l’apparition présumée était pour autant fausse.
Certains franciscains «imposent leur charisme» dans ces événements
En 2001, commentant ces phénomènes dans le cadre du Synode des évêques à Rome, le cardinal Puljic avait regretté le manque d’obéissance de certains moines franciscains de son pays. Le président de la Conférence épiscopale catholique de Bosnie-Herzégovine avait déclaré que certains moines franciscains «imposent leurs propres points de vue» avec leurs «pseudo-charismes», notamment dans l’affaire de Medjugorje, avait ainsi lâché l’archevêque de Sarajevo.
L’évêque du diocèse de Mostar-Duvno, sur le territoire duquel le lieu de pèlerinage s’est édifié, Mgr Ratko Peric, préférait il y a quelques années, pour sa part, parler de «prudence» face à l’authenticité des faits. (apic/imedia/ag/job/vb)