Dans certains cantons, le porte du masque est obligatoire pour assister à la messe. Photo prétexte | © Grégory Roth
Suisse

Messes en Suisse romande: entre masques, distanciation et traçage

Comme chaque canton, les vicariats en Suisse romande ont leur propre manière de gérer les directives sanitaires pour les célébrations. Si la distance sanitaire de 1,5 mètre est communément admise, le port obligatoire du masque varie selon les endroits. Petit tour d’horizon romand, en ouverture du mois d’octobre 2020.

Depuis août 2020, les directives du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg – basées sur celles de l’OFSP (Office fédéral de la santé publique) et de la CES (Conférence des évêques suisses) – n’ont pas changé: «nous enjoignons chacune et chacun, au port du masque quand les distances sanitaires (1,5 m) ne peuvent pas être respectées». Pas d’obligation généralisée de port du masque dans l’église. En conséquence, pas de chant en assemblée pendant la messe. C’est pourquoi le diocèse de LGF a ajouté: «possibilité de chanter avec un masque».

Pour rappel, les informations de l’OFSP, relatives au chant, datent de juin 2020: «En respectant les règles de distances préconisées [en juin: 2m] et avec une bonne circulation de l’air (aération continue ou rassemblement à l’extérieur), les chants d’église devraient à nouveau être possibles».

Les fidèles doivent se désinfecter les mains avant d’enter dans l’église | © Bernard Hallet

Genève

A Genève, les paroisses sont calquées sur ces directives: 1,5 m ou masque. «Le respect de la distance est notre point principal d’attention», indique l’abbé Pascal Desthieux. Contacté le 2 octobre, le vicaire épiscopal pour le canton de Genève estime que dans plusieurs paroisses, cette règle permet de ne pas empêcher des personnes d’entrer. «Lorsque les communautés sont trop nombreuses, elles multiplient les célébrations, poursuit l’abbé Desthieux. Ainsi, les lusophones [de langue portugaise] de Genève ont organisé huit célébrations de première communion et sept confirmations, afin de répartir les familles, de leur permettent à toutes de venir et de fêter sans masque, en gardant les distances».

«Certaines paroisses maintiennent les distances, d’autres ont pris l’initiative d’obliger le port du masque».

Pascal Desthieux reconnaît toutefois qu’il y a plusieurs pratiques dans son canton. «Certaines paroisses maintiennent les distances. D’autres ont pris l’initiative d’obliger le port du masque, afin de regrouper davantage de personnes à l’intérieur. Je ne m’oppose pas à cette pratique, mais je privilégie la distance».

La distance entre les fidèles doit être respectée, sauf pour les familles © Bernard Litzler

Fribourg

Dans le canton de Fribourg, l’obligation du port du masque pour toutes les messes a été décrétée le 21 septembre. Les gestes barrières et la désinfection des mains sont maintenus. Mais, à partir de cette date, tous les bancs sont accessibles. En outre, l’assemblée peut à nouveau chanter, puisqu’elle est intégralement masquée.

Les chœurs d’église qui le souhaitent bénéficient d’une exemption de port du masque, dans la mesure où un espace circulaire d’1,5 mètre entre chaque choriste est garanti. Cette exception, confirmée en fin septembre par la Fédération fribourgeoise des chorales (FFC), a été validée par son président, Philippe Savoy, en accord avec l’abbé Jean Glasson, vicaire épiscopal pour le canton de Fribourg.

Neuchâtel

Le vicariat de Neuchâtel vient d’adopter de nouvelles directives. A toutes célébrations, en plus du maintien de la désinfection des mains et de la distance sanitaire, les données personnelles sont collectées (traçage). En ce qui concerne le port du masque, une distinction est faite entre deux types rassemblement.

«Il y a des ‘célébrations habituelles’ sans masques et des ‘célébrations non-habituelles’ avec.»

«Il y a, d’une part, les ‘célébrations habituelles’ – messes dominicales ou en semaine – où les distances sont garanties», explique Don Pietro Guerini, vicaire épiscopal à Neuchâtel. «Sans masque, l’assemblée ne chante pas. Tous les chants sont assumés par des solistes ou proposés par CD. Et d’autre part, les ‘célébrations non-habituelles’, – fêtes, solennités, funérailles, confirmation, première communion, etc. – où l’afflux de personnes ne permet pas de maintenir les distances. Dans ce cas, le port du masque est obligatoire et le chant de l’assemblée est admis».

Masques, traçage et distances obligatoires dans les églises du canton de Vaud. Photo prétexte | © Grégory Roth

Vaud

Dans le canton de Vaud, la démarche est claire: «on souhaite pouvoir accueillir tout le monde, mais avec un masque», note l’abbé Christophe Godel. En pratique, cela veut dire: masque et traçage pour tout le monde. «Nous sommes très prudents, vu la situation sanitaire de notre canton», rappelle le vicaire épiscopal. «Et nous gardons évidemment les marquage au sol et sur les bancs, comme sécurité supplémentaire».

«Nous sommes très prudents, vu la situation sanitaire de notre canton»

«Toutes ces règles sont valables pour les chœurs, mais comme le suggère les directives de l’évêché, il est possible de chanter masqué», indique l’abbé Godel, précisant qu’à cause de ces contraintes, plusieurs chœurs n’ont pas encore repris leurs activités. Une exception toutefois pour les prêtres à l’autel, ainsi que les lecteurs à l’ambon: si la distance le permet, ils peuvent ponctuellement ôter le masque, afin d’offrir une meilleure compréhension.

Jura

Dans le Jura pastoral, dont le territoire s’étend du lac de Bienne jusqu’à la frontière française, il n’y pas de changement notable dans les directives du diocèse de Bâle, publiées le 23 juin. L’abbé Jean-Jacques Theurillat, vicaire épiscopal, les présente en trois niveaux. En premier lieu, le respect de directives: distance de 1,5 mètre, gestes barrières, désinfection des mains et communion en silence.

En deuxième lieu, lorsque la distance ne peut pas être maintenue pendant plus d’un quart d’heure, – funérailles, par ex. –, on porte le masque. «Le but étant d’accueillir tous les personnes», précise l’abbé Theurillat. «Et si les distances ne sont pas maintenues et les masques ne sont pas portés, on adopte le niveau 3: le traçage. Mais ce dernier cas, à ma connaissance, ne s’est pas encore présenté.»

Pour les chœurs, la distance de 1,5 m et une aération continue sont les deux critères sine qua non. S’ajoute la décision des curés, quant à la reprise effective des engagements du chœur dans leur paroisse. Si le curé est favorable, le chœur s’organise pour reprendre ses activités de manière sanitaire. «Selon les informations récoltées auprès de directeurs de chœur du Jura, indique Jean-Jacques Theurillat, une bonne moitié de chanteurs ne veulent pas revenir».

Port du masque obligatoire pour toutes les messes à partir du 9 octobre dans le Jura et à partir du 12 octobre dans le canton de Berne, par ordre des gouvernements.

Indépendamment des directives diocésaines, les gouvernements jurassiens et bernois ont décidé le 9 octobre 2020 que le port du masque sera obligatoire pour toute activité culturelle dans des milieux publics et fermés. Les églises n’échappent pas à cette décision. Ainsi, le port du masque est obligatoire pour toutes les messes à partir du 9 octobre dans le Jura et à partir du 12 octobre dans le canton de Berne.

Valais

En Valais, ce sont toujours les directives du 26 mai 2020 qui font foi. Le plan-cadre du diocèse de Sion et du territoire abbatial de St-Maurice a été complété par une lettre, fin juin, pour annoncer le passage de 2 mètres à 1,5 m de distance sanitaire. »Notre ligne de conduite est claire: l’obéissance à nos autorités sanitaires valaisannes, d’une part, et faire tout ce que l’on peut,d’autre part», résume l’abbé Pierre-Yves Maillard. «On nous demande de prioriser la distance de 1,5m, et de requérir au port du masque lorsque le respect de la distance n’est pas possible», précise le vicaire général du diocèse de Sion. «Il n’y a pas, à l’heure actuelle, d’obligation de port du masque là où la distance peut être maintenue».

photo Facebook / Maryline Hohenauer-Udriot

La désinfection des mains à l’entrée, les gestes barrière et l’utilisation d’un banc sur deux dans l’église restent en vigueur en Valais. Les règles de distance et de port du masque valent aussi pour les chœurs, qui animent souvent les liturgies en formant des groupes chorals réduits. «Dans de nombreuses paroisses, on dédouble les messes pour constituer des assemblées plus restreintes selon la taille de l’église, et pour les grandes fêtes – 1ère communion, confirmation, etc. –, on doit parfois limiter le nombre d’invités», ajoute l’abbé Maillard. (cath.ch/gr)

Dans certains cantons, le porte du masque est obligatoire pour assister à la messe. Photo prétexte | © Grégory Roth
9 octobre 2020 | 17:02
par Grégory Roth
Temps de lecture: env. 5 min.
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