Mgr Samuel Ruiz reconnaît sa fatigue, mais son œuvre lui survivra

Mexique: L’évêque des Indiens du Chiapas se retire de son diocèse en novembre prochain

San Cristobal de las Casas, 24 février 1999 (APIC) Après quatre décennies à la tête du diocèse de San Cristobal de las Casas, Mgr Samuel Ruiz García, «l’évêque des Indiens du Chiapas», se retirera en novembre prochain pour raison d’âge. En conformité avec le droit canon, les évêques doivent en effet donner leur démission au pape dès qu’ils ont 75 ans. Mgr Ruiz a annoncé qu’il s’en irait de San Cristobal «pour ne pas faire de l’ombre» au travail de son successeur, l’évêque coadjuteur Raul Vera Lopez.

L’évêque, surnommé affectueusement «Tatic» par les Indiens qu’il a toujours défendus, a annoncé son prochain départ lors d’une messe célébrée dans la zone de Los Altos, une région d’influence de la guérilla de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN). Des dizaines d’indiens tzotziles ont participé à la cérémonie durant laquelle il a inauguré et béni l’église de San Caralampio, située dans une communauté zapatiste. «Le temps est venu de se séparer, a-t-il déclaré, car c’est ma dernière visite à Oventic.»

Mgr Ruiz s’est dit d’accord avec la règle prévue dans le droit canon, car à un certain âge, «on commence à penser en arrière … à vivre plus du passé que du présent.» L’évêque toujours combatif, lui qui a si souvent risqué sa vie pour son engagement en faveur des Indiens marginalisés de cette région du Mexique – il a échappé à plusieurs tentatives d’assassinats – et qui a été si méchamment vilipendé par les grands propriétaires terriens et les milieux catholiques conservateurs, avoue désormais une certaine fatigue. Constatant une «détérioration», il estime nécessaire qu’une autre personne prenne en charge le diocèse.

Une pastorale indigène encouragée par le pape Jean Paul II

Mgr Samuel Ruiz relève toutefois que le diocèse a mis en place certaines structures pour que travail en faveur des Indiens et de la paix ne tombe pas à l’eau. Et de souligner que ce travail est plus encouragé que jamais par les paroles de sollicitude pour les indigènes que le pape Jean Paul II a prononcées lors de sa dernière visite pastorale au Mexique. L’évêque était accompagné à Oventic par le vicaire général du diocèse, le Père Felipe de Jésus Toussaint Loera, ancien président de la «Commission Nationale d’Intermédiation». Les tzotziles, dont certains avaient le visage masqué, ont rappelé que Mgr Ruiz est «le pasteur des pauvres, des oubliés, des opprimés et des indigènes.»

Les excuses du cardinal archevêque de Mexico à l’égard de Mgr Ruiz

Rappelons que récemment encore, l’évêque de San Cristobal de las Casas était sévèrement attaqué dans un document publié sur le site Internet de l’archidiocèse de Mexico. La théologie indigène au Mexique et le travail pastoral de Mgr Ruiz étaient massivement mis en cause dans un article intitulé «Jean Paul II, indigènes et théologie». Suite à de nombreuses réactions indignées, l’archevêché a dû platement s’excuser de cette attaque surprenante faite à l’insu de l’archevêque de Mexico, le cardinal Norberto Rivera Carrera. Ce dernier a présenté ses excuses au diocèse de San Cristobal de las Casas, aux évêques du diocèse et à ses fidèles. Dans sa lettre, le cardinal primat du Mexique déclare ressentir pleinement le malaise que cette publication a sans aucun doute provoqué. L’auteur du pamphlet n’hésitait pas à parler de «perversité pastorale» dans la théologie indienne, «comme le montre clairement le cas du Chiapas». Les agents de la pastorale du diocèse étaient rendus responsables de l’aggravation de la guerre civile entre indigènes. (apic/jorn/dioc/be)

24 février 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!