L’évêque de Tapachula transféré à San Cristobal de las Casas
Mexique: Samuel Ruiz, l’évêque des Indiens du Chiapas, quitte son diocèse
Rome/Mexico, 31 mars 2000 (APIC) Jean Paul II a nommé vendredi Mgr Felipe Arizmendi Esquivel, évêque de Tapachula, au Mexique, sur le siège de San Cristobal de las Casas. Agé de 59 ans, il succède à Mgr Samuel Ruiz Garcia, le célèbre évêque des Indiens du Chiapas, qui a fêté ses 75 ans en novembre dernier. Le pape a accepté sa démission pour raison d’âge, que chaque évêque doit présenter selon le code de droit canonique (canon 401) lorsqu’il a atteint ses 75 ans.
Le 30 décembre dernier, Jean Paul II avait transféré à Saltillo, au nord-est du Mexique, Mgr Vera Lopez, évêque coadjuteur avec droit de succession de San Cristobal de las Casas, qui aurait normalement dû prendre la relève de Mgr Samuel Ruiz. Ce départ a alimenté les spéculations sur la nature de la politique du Saint-Siège dans la région du Chiapas agitée par la rébellion de l’Armée zapatiste de libération nationale EZLN et la répression de l’armée mexicaine et des groupes paramilitaires à la solde des grands propriétaires.
C’est donc un autre évêque de la région, Mgr Arizmendi, jusqu’ici évêque de Tapachula, un des trois diocèses du Chiapas, et depuis l’an dernier secrétaire général du Conseil Episcopal Latino-Américain (CELAM) qui doit reprendre la charge pastorale dans ce secteur toujours au bord de l’explosion sociale et militaire.
La délicate succession de Mgr Ruiz
Mgr Arizmendi succède dans des circonstances délicates à Mgr Samuel Ruiz Garcia, «l’évêque des Indiens», qui s’est retiré après quarante années à la tête du diocèse de San Cristobal de las Casas, dans une région peuplée d’Indiens située à l’extrême sud du pays. Mgr Ruiz est mondialement connu pour sa médiation dans le conflit du Chiapas, à travers la Commission d’intermédiation entre le gouvernement et les Zapatistes, la CONAI, créée et présidée par lui.
Son travail très apprécié par de nombreux secteurs de la société mexicaine et au niveau international, avait été mis en cause par le gouvernement mexicain, mais aussi au sein de l’épiscopat. Mgr Onesimo Cepeda, évêque d’Ecatepec et porte-parole de la Conférence épiscopale, l’avait clairement fait savoir :»Plusieurs évêques ont demandé sa démission, déclarait-il en avril 1998. La CONAI est une instance civile qui a pour fonction d’être médiatrice pour parvenir à la paix. Ce que l’on demande à ce type d’organisme, c’est d’être neutre. Or, on a pu voir, à partir de documents publiés, que la CONAI s’était peu à peu transformée en juge et partie.» Quand il avait été violemment attaqué, le Vatican avait pris sa défense.
En juin 1998, Mgr Ruiz avait renoncé à son rôle officiel de médiateur entre Mexico et les Indiens, reprochant au gouvernement fédéral de favoriser un climat de violence par la militarisation de la région et de bloquer les négociations en vidant de leur substance les accords de San Andrés (16 février 1996) avec les représentants indigènes du mouvement de résistance zapatiste.
Le successeur naturel de Mgr Ruiz éloigné du Chiapas
Après sa démission comme évêque, Mgr Ruiz aurait dû laisser son diocèse aux mains de Mgr Vera Lopez, son coadjuteur avec droit de succession. Les milieux conservateurs, qui avaient déjà mené la vie dure à Mgr Ruiz, avaient fait pression pour que ce dernier soit à son tour éloigné du Chiapas. Le 30 décembre dernier, Jean Paul II nommait Mgr Vera Lopez évêque de Saltillo, au nord-est du pays. Son transfert ayant suscité de nombreuses protestations, le Vatican avait – fait rarissime – publié un communiqué assurant que l’activité de l’Eglise au Chiapas resterait inchangée en ce qui concerne le respect des droits de l’homme, dont Mgr Vera Lopez était devenu, avec le temps, un défenseur intransigeant.
En août 1998, Mgr Arizmendi était intervenu au sujet de la médiation de Mgr Ruiz en déclarant qu’il était exclu qu’un responsable de l’Eglise catholique assume à nouveau un tel rôle, estimant que seul le dialogue direct entre les protagonistes pourrait rétablir la paix au Chiapas et avec le pouvoir central à Mexico. Peu de temps auparavant, Mgr Cepeda, porte-parole de l’épiscopat mexicain, avait souligné que l’Eglise jouait un rôle important au Chiapas. «Mgr Arizmendi et Mgr Aguirre, les deux autres évêques du Chiapas, font un travail extraordinaire, mais personne n’a invité les évêques du Mexique à être médiateurs», avait-il déclaré. (apic/cip/be)