Le président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, soutient l'introduction d'un diaconat féminin | © KNA
International

Mgr Georg Bätzing: «Le diaconat féminin est très légitime»

Le président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, ne considère pas clos le débat sur l’ordination des femmes dans l’Église catholique. L’évêque de Limbourg a ainsi contredit la position du cardinal de Cologne Rainer Maria Woelki, selon lequel les discussions du Chemin synodal sur ce point controversé, ne menaient pas au but.

Paula Konersmann et Gottfried Bohl, KNA / traduction et adaptation Davide Pesenti

«Je considère que le diaconat des femmes est très légitime», a déclaré Mgr Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande, dans une interview à la radio allemande «Deutschlandfunk».

Dernier mot pas prononcé?

Le Chemin synodal en cours au sein de l’Eglise catholique en Allemagne pourrait demander au Saint-Siège d’examiner l’introduction d’un diaconat féminin. Toutefois, seul un Concile œcuménique pourrait prendre une décision définitive à ce propos. 

La question du diaconat féminin a définitivement été tranchée avec la plus haute autorité magistérielle par le pape Jean Paul II.

Cardinal Rainer Maria Woelki

Mais une telle option est controversée et fait débat. À l’instar de Mgr Rainer Maria Woelki, qui a clairement critiqué cette possibilité. «La question a définitivement été tranchée avec la plus haute autorité magistérielle par le pape Jean Paul II», a affirmé le cardinal de Cologne, dans une interview à l’agence de presse catholique allemande KNA.

Il est en effet de l’avis que si l’on traite cette question comme si elle était ouverte, la discussion «se déroulerait en dehors de l’enseignement de l’Eglise».

Cueillir le kairos

Même si les papes auraient bien voulu déclarer close la question de l’ordination des femmes, «elle est encore bel et bien là aujourd’hui», rétorque Mgr Bätzing.

Je ne suis certainement pas un féministe, mais la question du diaconat féminin reste une de mes grandes préoccupations.

Mgr Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande

Le président de la Conférence épiscopale allemande a aussi précisé qu’il ne se considérait pas uniquement comme un simple modérateur entre les positions divergentes au sein de l’épiscopat sur le sujet. 

«Je ne suis certainement pas un féministe, mais la question reste une de mes grandes préoccupations», a-t-il affirmé, en comparant la question des femmes au défi du changement climatique en cours. »Si on perd du temps à prendre certaines décisions, cela peut avoir des conséquences désastreuses».

Assurer la transmission de la foi

Mgr Georg Bätzing a ensuite rendu attentifs sur le fait que l’Eglise catholique ait déjà perdu beaucoup de ses membres. «On est à l’aube du prochain point de basculement, car un grand nombre de femmes ont simplement le sentiment d’être laissées de côté ou coupent d’elles-mêmes leurs liens avec l’Eglise».

Nous avons trop peu de femmes impliquées dans la prise de décisions de l’Église.

Mgr Georg Bätzing

Pour lui, il ne s’agit pas de sauver l’Eglise. «Ce qui compte vraiment, c’est que la transmission de la foi risque ainsi de s’effondrer». Les femmes portent en effet une grande partie de la vie de l’Église, dans leur service diaconal et pour la transmission de la foi. «Si cela était perdu, l’existence même de l’Eglise serait menacée».

La question ne concerne toutefois pas seulement les ministères ordonnés. »Nous avons trop peu de femmes impliquées dans la prise de décisions de l’Église», a appuyé l’évêque de Limbourg, en précisant que dans postes-clé, des «progrès considérables» sont encore possibles en termes de participation des femmes. Beaucoup de femmes lui confient même qu’elles s’éloignent de l’Eglise pour sauver leur foi.

Les femmes catholiques se réjouissent

Agnes Wuckelt, vice-présidente de l’Association féminine catholique allemande (Katholischen Frauengemeinschaft Deutschlands, KFD), a salué positivement les «paroles claires» prononcées par Mgr Georg Bätzing.

«Cela signifie que les dernières décennies d’engagement en faveur du diaconat féminin sont enfin en train de nous conduire dans la bonne direction. Et qu’il s’agit d’un signe décisif en faveur du Chemin synodale», s’en est réjouie Agnes Wuckelt, en ajoutant que les femmes catholiques allemandes prendront au sérieux les mots de Mgr Bätzing, selon lequel la question des ministères ordonnés féminins n’est pas définitivement close.

Le KFD a donc demandé à Mgr Rainer Maria Woelki de participer à la discussion. «Sur le Chemin synodal, il faut pouvoir avoir le même droit de parole. Il est donc cordialement invité à échanger avec nous sur un pied d’égalité – et nous le souhaitons également», a conclue la vice-présidente de la KFD. (cath.ch/kath.ch/KNA/dp)

Le président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, soutient l'introduction d'un diaconat féminin | © KNA
23 septembre 2020 | 13:58
par Davide Pesenti
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!