Les évêques romands heureux et confiants après l'élection de Léon XIV
«Heureux et confiant», telle est l’attitude de Mgr Jean-Marie Lovey à l’annonce de l’élection du cardinal Robert Francis Prevost comme nouveau pape. «C’est une bonne surprise», note l’évêque de Sion. Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, se dit impressionné par la simplicité de l’homme qu’il a rencontré l’an dernier.
«Je ne le connais pas personnellement, admet Jean Marie Lovey, mais nous avons eux des échanges de courrier dans le cadre de sa charge de préfet du Dicastère des évêques.»
Surpris, l’évêque de Sion l’a été d’abord par la rapidité de l’élection. «Je regardais d’un œil Vatican News, tout en étant occupé à autre chose, quand soudain la fumée blanche a jailli de la cheminée. Pour moi arriver à une élection aussi rapide est un beau signe de communion entre les cardinaux qui quelques jours auparavant ne se connaissaient qu’à peine ou pas du tout.»
Le cardinal Prevost a de nombreux cordes à son arc, par ses origines multiples, sa culture, son engagement pastoral au Sud, ses responsabilités dans son ordre religieux et son expérience de la curie. «C’est un très bon choix.»
Pour l’évêque de Sion, la continuité avec le pape François est évidente, même si Léon XIV n’aura pas son style, sa fougue ou son caractère parfois obstiné. «J’ai été très attentif à ses premières paroles à la loggia. Il a commencé par souhaiter la paix. Avant de reprendre les thèmes de François. En parlant du synode, il a utilisé le mot ‘avanti’ (en avant).»
Héritage de bienveillance
L’autre évêque romand, Mgr Charles Morerod, a relevé dans l’émission du 19:30 de la RTS que pour la première fois dans l’histoire, un pape venait d’un pays à grande majorité protestante. Une réalité qui devrait lui donner une «sensibilité œcuménique». Le fait qu’il ait longtemps vécu au Pérou lui permet également «d’unir les deux Amériques». A la question de savoir si Léon XIV sera un pape réformateur, l’évêque de LGF préfère ne pas s’avancer: «l’avenir nous le dira.
Son choix du nom de Léon XIV est significatif pour Mgr Morerod: «Il est vrai que Léon XIII (1878-1903) a changé l’attitude des catholiques par rapport à une nouvelle question sociale qui était l’industrialisation rapide et l’apparition de la classe ouvrière. Il a eu de ce point de vue une attitude très bienveillante et attentive, à laquelle on s’est référé dans toute la suite des temps.»
Un Laudato si’ »2»?
Paul Dembinski, président de la Plateforme Dignité & Développement, un groupe de réflexion romand inspiré par la Doctrine sociale chrétienne, voit aussi dans le fait que le nouveau pape se positionne dans l’héritage de Léon XIII un signal positif. «On peut espérer qu’il s’engage ainsi en faveur de la recherche du bien commun, et qu’il mette l’accent sur la rémunération du travail plutôt que sur celle du capital, assure-t-il à cath.ch. Il devra aussi s’atteler à réduire l’extrême polarisation que l’on observe actuellement dans nos sociétés.»
Le fondateur de l’Observatoire de la finance, à Genève, n’estime pas que la nationalité américaine de Robert Francis Prevost ait joué un rôle primordial dans son élection. «Il a passé énormément de temps en dehors des États-Unis, et il a davantage une dimension internationale, avec ses ascendances européennes et son long travail de mission en Amérique du Sud, que purement américaine. Le fait qu’il n’ait pas parlé anglais lors de sa présentation à la loggia me semble emblématique. Il est clair qu’il ne s’identifie pas à la toute puissance des États-Unis.»
Paul Dembinski ne pense pas que la présidence de Donald Trump ait été dans l’esprit des cardinaux qui l’ont mis sur le Siège de Pierre. «Néanmoins, nous assisterons peut-être à une opposition entre le message prophétique de Léon XIV et la politique mercantile de Trump.»
Sur le plan de l’écologie, l’économiste serait «enthousiaste» de lire un texte du nouveau pontife sur le sujet, pour les 10 ans de l’encyclique du pape François Laudato si’ (2015). (cath.ch/rts/mp/rz)
Le diocèse de Sion célébrera une messe d’action de grâce en union avec le nouveau pape le mercredi 14 mai à 18h à la cathédrale de Sion