Mgr Monsengwo: Le peuple zaïrois avait déifié son dictateur
«Nous sommes en train de payer cette idolâtrie»
Rome, 15 mai 1997 (APIC) «Une médiation est nécessaire pour réconcilier les gens. C’est un travail que Jésus-Christ nous a enseigné». C’est dans la concertation que j’examinerai la possibilité d’aller présider le Haut-Conseil, a déclaré Mgr Monsengwo à l’agence catholique italienne SIR.
Dans une interview publiée mercredi à Rome et publiée, l’archevêque de Kisangani décrit la contribution que l’Eglise peut apporter à la pacification du Zaïre: «Le premier objectif est d’éviter un bain de sang à Kinshasa, car les troupes de Kabila approchent et veulent occuper la ville. Depuis un bon bout de temps déjà l’Eglise a demandé l’ouverture de négociations pour respecter le droit des nations et des peuples engagés dans le conflit». Mgr Monsengwo est «naturellement à la disposition du pays pour trouver une solution pacifique, car «la situation est délicate, le pays est en danger et les gens se tournent spontanément vers l’Eglise», mais il répète qu’il ne peut décider seul d’accepter un rôle de médiateur.
Le prélat désigne deux priorités. Dans l’immédiat, rétablir la paix pour recourir ensuite à la négociation. «Le peuple Zaïrois a demandé à être gouverné de façon démocratique, dit-il, il a établi les règles pour cela et proposé un projet de société. Les principes et les règles qui devront guider le pays sont contenus dans la Constitution». Deuxième priorité: l’éducation de la population à la démocratie.
«S’il n’y a pas de garanties nationales et internationales, comme le souhaite le peuple Zaïrois, je n’accepterai pas, insiste l’archevêque. Si l’un des protagonistes cherchait à imposer son pouvoir au Zaïre, alors je dirai: ne comptez pas sur moi. Je n’offrirai mon aide que si les forces en présence s’engagent à respecter les décisions de la Conférence nationale et ce qui est écrit dans la Constitution».
Pour Mgr Monsengwo, le premier soutien dont les Zaïrois ont besoin est celui de la prière. «Le peuple Zaïrois avait déifié son dictateur, au point de le comparer à Jésus-Christ, explique-t-il. Nous sommes en train de payer cette idolâtrie. Si nous regardons ce qui est en train de se passer, nous pouvons dire que le Seigneur nous montre encore une fois que Lui seul est le libérateur de l’Histoire et le Sauveur du Zaïre».
Depuis quelques années, dit encore Mgr Monsengwo, nombreux citoyens Zaïrois jeûnent, prient et font des retraites spirituelles pour supplier le Seigneur de sauver le Zaïre. «En même temps, nous demandons de prier pour nous, afin que disparaissent les idoles comme le pouvoir et l’argent. Ce qui est sûr, c’est que les affrontements ont provoqué des dommages. Nous avons besoin d’aide matérielle. Mais nous avons encore plus besoin du soutien de la politique internationale». (apic/cip/imed/pr)