Les mutilations génitales touchent des millions de femmes dans le monde. La Suisse est aussi concernée  (Photo d'illustration:UNHCR/Flickr/CC BY-NC 2.0)
Suisse

Mobilisation contre les mutilations génitales féminines

15’000 femmes et filles seraient concernées en Suisse par les mutilations génitales ou menacées d’excision. Pour attirer l’attention sur ce sujet, l’ONG TERRE DES FEMMES Suisse et l’œuvre d’entraide catholique Caritas Suisse organisent, avec le soutien d’Amnesty International Suisse, une manifestation sur la place de la gare de Berne, le 6 février 2016, à l’occasion de la «Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines».

Dans le monde, plus de 125 millions de femmes vivent actuellement avec les conséquences de mutilations génitales. En Suisse, on dénombre 15’000 femmes et filles concernées par cette pratique ou menacées d’excision. Beaucoup ont besoin de protection et du soutien de spécialistes.

Le Conseil fédéral a décidé l’automne dernier de financer un réseau contre les mutilations génitales féminines en Suisse. C’est un pas important qui mérite d’être salué, affirme Caritas Suisse dans un communiqué du 5 février. Il n’y a cependant toujours pas de stratégie nationale, ni de programmes cantonaux contre les mutilations génitales. Pour l’œuvre d’entraide, de tels outils seraient pourtant indispensables pour pouvoir faire disparaître durablement cette pratique de Suisse.

Manque de connaissances

Les mutilations génitales féminines sont une forme de violence domestique et d’abus commis sur des enfants. Elles sont mondialement reconnues comme une violation des droits humains, interdites par la loi en Suisse et dans beaucoup d’autres Etats. En Suisse, elles sont considérées comme un délit poursuivi d’office.

Les mutilations génitales féminines sont certes reconnues comme motif de fuite, mais dans la pratique, cette réglementation s’applique rarement, assure Caritas Suisse. Les spécialistes confrontées à des femmes et à des filles concernées ou menacées par cette atteinte à leur intégrité n’ont souvent pas les connaissances spécifiques nécessaires. Pour l’œuvre d’entraide, il s’agit donc de dispenser une formation ciblée aux professionnels de la santé, de l’asile, de l’intégration, de l’accueil des enfants, de l’instruction et de la protection des enfants.

Impliquer les migrants

Caritas Suisse relève néanmoins qu’à elle seule, une interdiction ne protège pas les filles. Il faut des mesures de prévention dans les communautés. Pour ce travail, l’organisation catholique engage des migrantes et des migrants. Avec beaucoup de patience et de respect pour les traditions, ceux-ci instaurent auprès des mères, pères, filles et garçons la base de confiance nécessaire pour un dialogue sur la culture, les traditions, les droits humains et les conséquences dramatiques des mutilations génitales féminines.

TERRE DES FEMMES Suisse et Caritas Suisse s’engagent ensemble depuis longtemps contre les mutilations génitales féminines en Suisse. Elles offrent soutien et conseil aux femmes concernées, informent les spécialistes, effectuent un travail de prévention dans les communautés, proposent des formations continues et des séances d’information et s’impliquent sur le plan politique à l’échelle internationale, nationale et cantonale. (cath.ch-apic/com/rz)

Les mutilations génitales touchent des millions de femmes dans le monde. La Suisse est aussi concernée (Photo d'illustration:UNHCR/Flickr/CC BY-NC 2.0)
5 février 2016 | 11:36
par Raphaël Zbinden
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