Les chrétiens d’Ambon piégés dans la capitale des Moluques

Moluques: Les Eglises chrétiennes en appellent à l’ONU

Ambon, 2 juillet 2000 (APIC) «SOS – Save our souls» (Sauvez nos âmes): c’est le dramatique appel envoyé au Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, par les Eglises chrétiennes des Moluques (Indonésie).

Cet appel intervient peu de jour avant la catastrophe dans la mer des Moluques, après le naufrage d’un bateau qui a fait plus de 470 victimes. Seuls une vingtaine de passagers ont pour l’heure pu échapper à la mort. Conçu pour accueillir guère plus de 250 passagers, le bateau en avait près de 500 à son bord. De nombreux chrétiens avaient pris place sur ce navire, pour fuir les violences inter-religieuses dans les Moluques, violences souvent orchestrées par les fondamentalistes musulmans.

L’appel, lancé par l’organisme de coordination des Eglises protestantes de l’archipel et du diocèse catholique d’Ambon, demande l’intervention d’une force de paix (peace-keeping) et de la Commission pour les droits de l’Homme. Il souligne par ailleurs l’inefficacité et l’incapacité des forces de l’ordre pour ramener le calme dans cette province indonésienne, théâtre d’incidents violents et meurtriers depuis le début de l’année 1999.

L’agence missionnaire italienne Misna publie de son côté le témoignage d’un missionnaire. «Vous entendez les tirs pendant que nous parlons ?», demande par téléphone le Père Kees Bohm, missionnaire du Sacré Coeur à Ambon, chef-lieu des Moluques, témoin direct des affrontements opposant chrétiens et musulmans à quelques mètres de ses fenêtres.

«La bataille ne s’interrompt pas, ajoute le missionnaire. Les guérilleros entraînés à la djihad (ndr: guerre sainte) veulent probablement arriver à bloquer la route qui relie Ambon aux montagnes. C’est là, au milieu des bois, que des centaines de chrétiens en fuite vienne se réfugier et finissent par dormir dans la rue ou cachés derrière des buissons. Si les islamistes bloquent cette partie de la route, les habitants d’Ambon se retrouveront piégés dans la ville».

«Les chrétiens essaient de répliquer aux assauts, mais les armes dont ils disposent sont primitives, explique encore le Père Bohm: fusils de leur propre fabrication, lances, flèches. Les musulmans sont bien mieux équipés. Par ailleurs, l’armée est clairement du côté des islamistes».

Etat d’urgence

A propos de l’armée, le religieux annonce qu’un changement de la garde au sommet aura lieu mardi 4 juillet: l’actuel commandant en chef des troupes d’Ambon, un chrétien, sera remplacé par le colonel I. Made Yasa, un hindou. «Je suppose qu’ils l’ont choisi pour le rendre acceptable par les deux parties adverses «, commente le missionnaire.

En attendant, les combats qui se sont intensifiés cette semaine aux alentours d’Ahuru, de Karang, de Panjang et à la périphérie d’Ambon ne s’apaisent pas. «Pour le moment, nous ne pouvons pas dire s’il y a de nouvelles victimes, poursuit le Père Bohm, mais nous pouvons affirmer que jusqu’à présent, elles ont été assez peu nombreuses étant donné que beaucoup de gens sont parvenus à fuir à temps des centres assiégés. Certes, la situation est vraiment dramatique. Et malheureusement, nous ne parvenons pas à entrevoir la fin de cette tragédie».

A noter que l’états d’urgence a été décrété lundi 26 juin par le gouvernement indonésien lundi. Depuis 18 mois, les affrontements entre chrétiens et musulmans sur cette île de quelque 75’000 km2 peuplée à part égale de musulmans et de chrétiens de 2 millions d’habitants ont fait plus de 4’000 morts. On compte plusieurs centaines de milliers (500’000) de déplacés depuis le début des affrontements.

B Titre de Docteur honoris causa de l’Université catholique de Bolivie pour Mgr Aubry

Jurassien honoré

C 2 juillet 2000 (APIC) Mgr Roger Aubry, évêque émérite qui a exercé au Béni, en Bolivie, a été fait Docteur honoris causa de l’Université catholique de Bolivie. Ce titre lui a été décerné en remerciement de tous les services rendus, dans la diffusion de la théologie et la promotion de la foi. Originaire de Montfaucon dans le Jura, Mgr Aubry a pris une retraite active à Cochabamba l’an dernier. Il exerce son œuvre de missionnaire en Bolivie depuis près de trente ans. Il a été l’évêque du diocèse de Reyes durant 25 ans. (apic/sic/pr)

2 juillet 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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