La représentante de l’ONU épingle de nombreux pays
Monde: Les violences interreligieuses en nette augmentation
Milan, 19 juin 2006 (Apic) A près de 60 ans de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, la liberté religieuse est encore une chimère pour des millions de personnes dans le monde. Le quotidien L’Avvenire, de Milan, a interviewé la rapporteuse spéciale des Nations Unies pour la liberté de religion et de culte, Asma Jahangir.
En visite en Italie pour une série de rencontres, la rapporteuse spéciale des Nations Unies pour la liberté de religion et de culte, Asma Jahangir, cite les pays qui punissent même parfois de mort ceux qui veulent vivre leur foi selon leur conscience et non selon l’Etat.
Comme le rapporte L’Avvenire, quotidien catholique italien, on constate une recrudescence de la violence et des persécutions envers les croyants, quelle que soit leur foi. Le quotidien interviewe dans son édition du 17 juin Asma Jahangir, rapporteuse spéciale des Nations Unies pour la liberté de religion et de culte. Celle-ci en visite en Italie pour une série de consultations auprès du Saint Siège, a dénoncé entre autres pays l’Arabie saoudite, où posséder une Bible peut vous conduire en prison. «Dans d’autres, comme les Maldives, sable blanc et mer émeraude pour les vacanciers, impossible d’obtenir la citoyenneté si on ne se soumet pas à l’islam.
Au Soudan, ceux qui se baptisent chrétiens sont exclus du cercle familial. Au Nigeria, on encourt la mort si on change de religion. Asma Jahangir ajoute que là où les musulmans sont minoritaires, ils subissent aussi des persécutions, tout comme les juifs en pays arabe ou les hindous indiens au Pakistan.
Chine, Vietnam, Corée du Nord, répression communiste
La polarisation religieuse dans de nombreuses régions du monde a encore accentué les violences et les discriminations, relève l’envoyée de l’ONU. Qui cite encore la Chine où la répression de l’Etat communiste s’exprime non seulement envers les chrétiens mais aussi envers les musulmans et envers les membres de la secte Falun Gong. La Corée du Nord, le Vietnam, l’Indonésie, le Bangladesh, l’Inde, le Sri Lanka , en passant par les pays arabes et l’Iran et l’Irak, ne respectent pas la liberté religieuse. Sans parler de nombreux pays africains comme le Soudan déjà cité, et la Somalie. Mais l’Europe n’est pas en reste, ajoute l’envoyée spéciale, qui cite la France et sa loi de 2004 contre les signes religieux ostensibles, «visant le foulard des musulmanes, mais en réalité dont pâtissent les croyants d’autres religions, y compris les chrétiens qui ne peuvent porter une croix que si elle est de dimension réduite».
A la question » Y-a-t-il des régimes politiques plus intolérants que d’autres en matière de liberté religieuse?» la représentante de l’Onu cite les sociétés démocratiques où régime et liberté de religion font bon ménage. Tandis que dans les autres régimes, où l’Etat ne respecte pas les droits de l’Homme, la liberté religieuse est violée. Mais les pays démocratiques n’échappent pas aux tensions interreligieuses. Ainsi la Hollande où la situation dans le domaine est très sensible.
Aux Maldives, n’est citoyen que le musulman
En résumé la représentante indique que «les violences envers les chrétiens dans le monde sont en augmentation de manière considérable». Interrogée sur les pays où la citoyenneté liée à l’appartenance religieuse est inscrite dans la loi, elle signale que «parmi les 3 ou 4 pays dans ce cas, seules les Maldives l’ont formalisé légalement. Ailleurs, ceux qui ne remplissent pas ces conditions sont soumis à des discriminations d’emploi ou empêchés d’envoyer leurs enfants à l’école. Elle ajoute que dans 25 pays dans le monde, il est interdit de porter un symbole religieux. «Donc, un chrétien ne peut avoir de croix, de même qu’un religieux ou une soeur ne peuvent porter l’habit» précise-t-elle.
L’ONU intervient auprès des pays qui violent les Droits de l’homme en les signalant, en intervenant sur les gouvernements et leur demandant des précisions sur les faits dénoncés, en demandant l’autorisation de vérifier sur place les allégations, et enfin en faisant pression sur les gouvernements qui ne respectent pas la liberté de religion. Ainsi qu’en portant leur cas devant les Nations Unies (apic/avvenire/vb)