Mgr Alain de Raemy célébre la messe du Jeudi-Saint  à l'église St-Jean, à Fribourg | © Maurice Page
Suisse

Montée vers Pâques: une foi qui passe par les pieds

«Etre là physiquement, pour partager la fête de Pâques avec des amis dans la foi, était pour moi une évidence», témoigne Julie, une des participantes de la Montée vers Pâques version covid-19 vécue à l’église St-Jean, à Fribourg, du 1er au 4 avril 2021.

Limitée aux célébrations liturgiques et à quelques enseignements, sans autres temps de partage et de convivialité, la Montée vers Pâques 2021, organisée par Formule jeunes, à Fribourg, a rassemblé une cinquantaine de jeunes, présents physiquement ou par vidéoconférence. Mais tous ont préféré voir le verre à moitié plein. «Comme les restrictions sanitaires le permettent, j’ai préféré venir physiquement, explique Nicolas. Pâques reste la plus importante fête de l’année. C’est la source et le sommet de notre foi. Suivre les célébrations chez moi, devant un écran, sur mon canapé? Non merci. J’ai besoin des sacrements.»

Une rencontre personnelle

Pour le jeune homme de 27 ans, «la foi n’est pas seulement une belle sagesse qui nous a plu, ni ce qui est écrit dans un livre. C’est une rencontre personnelle avec Jésus. Je ne viens pas d’une famille particulièrement croyante, j’aurais pu passer à côté. Je m’estime très chanceux de pouvoir la faire»  

Sébastien, Nicolas et Julie ont vécu la montée vers Pâques à l’église St-Jean, à Fribourg | © Maurice Page

«Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine!», enchaîne Julie, reprenant les mots de l’apôtre Paul. «Par apport à l’an dernier où nous étions tous confinés, le peu que nous pouvons vivre ensemble cette année est important. Je remercie Formule jeunes de l’avoir organisé.»

Pour Sébastien, les restrictions sanitaires restent difficiles supporter, mais le fait de ne plus vivre à 100km à l’heure, lui a permis de se recentrer, de chercher, de réfléchir avec plus d’espace et de temps. «J’ai des hauts et de bas reconnaît Julie. Mais je regarde la beauté de la nature. C’est un petit plus vers l’espérance, ce passage de la mort à la vie que Pâques nous fait revivre chaque année. Après tout, la vie nous appartient, à nous de la guider.»

«Les pieds servent à nous tenir debout ou à nous enfuir, à nous approcher ou nous éloigner, à marcher droit ou de travers…»

La foi passe par les pieds

En cette fin d’après-midi du Jeudi-Saint, les jeunes ont pu suivre un enseignement du Frère Emmanuel sur le lavement des pieds. Les quelques chaises de la petite salle de l’espace St-Jean ne sont pas toutes occupées. La porte reste ouverte, on entend dehors le pépiement des oiseaux, dans une belle journée de printemps.

Laver les pieds de ses hôtes n’est pas un geste rituel, c’est une nécessité assez banale après une journée de marche sur des chemins poussiéreux. C’est une tâche dévolue en principe aux esclaves, explique le dominicain. Or Jésus, le Seigneur, s’abaisse au plus bas, aux pieds de ses disciples qui sont choqués par ce geste.

Moment d’adoration à l’église St-Jean | © Maurice Page

«Les pieds servent à nous tenir debout ou à nous enfuir, à nous approcher ou nous éloigner, à marcher droit ou de travers… Chaque paire de pieds raconte une histoire.» En lavant les pieds de ses disciples, Jésus les purifie par avance de leur lâcheté. Pierre est scandalisé et commence par refuser avant de se raviser: «pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête». «Il signifie par là que tout ce qui est en nous doit être lavé, ajusté converti, modelé. Les pieds lavés par Jésus doivent devenir des pieds de missionnaires pour aller porter à tous sa Bonne Nouvelle.»   

Sébastien a été interpellé par cette foi «qui passe par les pieds» Il y voit un appel à donner gratuitement sans attendre de retour.

La mort du Vendredi-Saint

La célébration de la Passion du Christ le Vendredi-Saint confronte aussi le croyant à la mort, comme l’a fait la pandémie de coronavirus au cours de l’année écoulée. «Je n’ai pas peur de la mort», avance Julie. Pour elle, l’angoisse des contemporains provient plutôt du fait qu’ils n’ont que la perspective du néant. «Mais pour moi, il y a quelque chose après la mort, ou plutôt quelqu’un.»

Crucifix du XVe siècle à l’église St-Jean à Fribourg | © Maurice Page

Pour Nicolas, le message de Pâques se trouve là, dans «la certitude que Jésus m’attend, que les peines de cette vie ont un sens. Bien sûr, il y a l’angoisse de la mort. Mais aussi la certitude qu’il ne s’agit que d’un passage.» «Jésus nous sauve, complète Julie. Il nous apporte la force de l’espérance.»

Dans la soirée, la messe en mémoire de la Cène du Seigneur a rassemblé les jeunes à l’église St-Jean, avec masques, distance sociale et sans lavement des pieds, covid oblige. Mgr Alain de Raemy, évêque des jeunes, qui a présidé la célébration, les a invités à aller «plus profond et plus loin» dans leur découverte de l’eucharistie. Et c’est dans l’adoration silencieuse que la soirée s’est achevée. (cath.ch/mp)

Mgr Alain de Raemy célébre la messe du Jeudi-Saint à l'église St-Jean, à Fribourg | © Maurice Page
2 avril 2021 | 12:27
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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