Moscou: La KEK salue le maintien des orthodoxes dans le mouvement œcuménique
L’œcuménisme, une «hérésie» pour certains milieux orthodoxes
Moscou, 29 janvier 1998 (APIC) Les responsables de la Conférence des Eglises européennes (KEK), en visite officielle à Moscou auprès de l’Eglise orthodoxe russe, ont une nouvelle fois salué l’apport orthodoxe au sein de la KEK. Il permet notamment de maintenir au premier plan du mouvement œcuménique les questions théologiques et spirituelles. Certains milieux orthodoxes conservateurs qualifient pourtant l’œcuménisme d’»hérésie».
Regroupant 125 Eglises anglicanes, protestantes et orthodoxes, la KEK est le plus grand rassemblement d’Eglises non catholiques romaines en Europe. L’Eglise orthodoxe russe est la plus grande Eglise membre de cette organisation fondée en 1959 et que le patriarche russe Alexis II a présidée de 1987 à 1992.
Lors d’une visite officielle effectuée du 23 au 26 janvier auprès de l’Eglise orthodoxe russe, les responsables de la KEK ont souligné l’importance de la présence orthodoxe, mise en cause par des milieux anti-œcuméniques. Le métropolite orthodoxe Jérémie Caligiorgis de France, président de la KEK, a démenti que l’œcuménisme puisse être considéré comme une hérésie dans une perspective orthodoxe. Le mouvement œcuménique n’étant pas une super-Eglise et ne parlant pas au nom de toutes les traditions religieuses, «je ne vois pas comment il pourrait être vu comme une hérésie». «Le christianisme, qui se connaît et se respecte, doit aussi connaître et respecter les autres». Par leur participation au mouvement œcuménique, les Eglises ont acquis une riche expérience», a-t-il ajouté.
Le dimanche 25 janvier, le métropolite Jérémie et le secrétaire général de la KEK, le pasteur baptiste Keith Clements, ont été accueillis par le primat de l’Eglise orthodoxe russe, le patriarche Alexis II, dans la cathédrale de la Dormition au Kremlin.
Tensions depuis la chute du communisme
Depuis la chute du communisme dans l’ancienne Union soviétique, alors que l’on assiste à un réveil de l’activité religieuse, on constate au sein de l’Eglise orthodoxe russe le développement d’une certaine méfiance à l’égard de l’œcuménisme. De fortes pressions ont été exercées sur les responsables du patriarcat de Moscou pour qu’ils coupent tout lien avec le mouvement œcuménique. Cette méfiance à l’égard de l’œcuménisme, qui est perçu par certains prêtres orthodoxes et militants laïcs comme une hérésie, est le résultat d’une réaction face à l’afflux des valeurs occidentales, et aussi de missionnaires occidentaux, après l’effondrement de l’Union soviétique.
Un communiqué de presse de l’Eglise orthodoxe russe précise que les responsables de la KEK ont parlé des «perspectives de participation de l’Eglise orthodoxe russe aux travaux de la KEK» avec les représentants du Département des relations extérieures de l’Eglise orthodoxe russe.
Le métropolite Jérémie, élu à la présidence de la KEK en novembre dernier, a mis l’accent sur l’importance de ses visites aux Eglises membres qui lui permettent de «recevoir la bénédiction de tous les chrétiens pour assumer la responsabilité de représenter toutes les Eglises – protestantes et orthodoxes – dans le cadre de la KEK». Le pasteur baptiste Keith Clements, qui assume les fonctions de secrétaire général depuis septembre dernier, a reconnu pour sa part que «ce n’est pas une période facile pour parler de l’unité chrétienne en Europe».
Entre autres questions à l’origine de tensions, les responsables de l’Eglise orthodoxe russe ont mentionné l’ordination des femmes, le langage inclusif (qui remplace par exemple le mot «homme» par «être humain», pour faire droit aux revendications des milieux féministes) et les questions liées à la sexualité. Toutefois, l’Eglise orthodoxe russe s’efforce actuellement de «présenter l’œcuménisme de façon positive aux fidèles»; indique la KEK, notamment par la publication d’un livre sur «l’orthodoxie et l’œcuménisme». A la fin de cette semaine, le pasteur Konrad Raiser, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE) à Genève, se rendra lui aussi à Moscou pour rencontrer des hauts responsables de l’Eglise orthodoxe russe. (apic/eni/be)