Condition: Une déclaration commune condamnant le prosélytisme

Moscou: Le patriarche orthodoxe russe Alexis II prêt à rencontrer le pape Jean Paul II

Rome, 3 septembre 1997 (APIC) Le patriarche de Moscou Alexis II est disposé à rencontrer le pape Jean Paul II à la condition que les catholiques condamnent formellement le «prosélytisme parmi les orthodoxes». Le chef de l’Eglise orthodoxe russe aurait dû rencontrer le pape près de Vienne le 21 juin dernier, mais y avait renoncé au dernier moment sous la pression du Saint-Synode. L’organe dirigeant de l’Eglise russe ayant décidé à l’unanimité d’annuler ce sommet qualifié d’emblée d’»historique».

Alexis II, qui a fait une offre de rencontre «informelle», se trouvait à Kazan, capitale de la République autonome des Tatars, à 800 km de Moscou. Selon l’agence russe ITAR-TASS, il a demandé, comme préalable à une rencontre avec le pape, que les deux parties signent une déclaration commune de condamnation du prosélytisme et d’engagement pour la paix. Alexis II a précisé que la rencontre de Vienne avait été rendue impossible par le refus de Rome de signer une déclaration commune citant le communiqué final de la rencontre de la Commission mixte chargée du dialogue entre catholiques et orthodoxes à Balamand (Liban, juin 1993).

Le cactus uniate

A Balamand, les représentants catholiques – dont des membres en vue de la curie romaine – avaient estimé que l’uniatisme (Eglises de rite oriental unies à Rome) était une méthode d’union du passé, pas un modèle actuel de communion. Le patriarche russe affirme que ce passage a été retiré au dernier moment par le Vatican, ce qui a provoqué l’annulation de la rencontre. A Kazan, Alexis II a déclaré y voir l’expression d’une «politique d’expansion» du Vatican, qui «offense les orthodoxes».

Cette «relance» du rapprochement survient au lendemain de la visite à Moscou de l’archevêque de Vienne, Mgr Christoph Schönborn. A cette occasion, les deux interlocuteurs ont condamné de concert toute forme de prosélytisme.

La rencontre au sommet à Vienne, en juin dernier, s’était heurtée aux accusations de «prosélytisme catholique» en territoire russe, considéré comme un territoire canoniquement orthodoxe. Du côté catholique, on oppose un démenti formel à ces accusations, rappelant que la présence catholique en Russie est pluriséculaire et qu’elle vise à desservir pastoralement des minorités nationales dont des composantes sont historiquement catholiques, comme les Allemands, les Lituaniens, les Lettons, ou les Polonais. Quant aux Eglises uniates présentes essentiellement en Ukraine occidentale, elles ne font que renaître après avoir été dissoutes par Staline et intégrées de force à l’orthodoxie.

La façon de voir orthodoxe, pour laquelle tout ce qui est russe est orthodoxe, a inspiré la loi sur la liberté de culte votée à la quasi-unanimité à la Douma et au Conseil de la Fédération, les deux chambres du parlement russe. Son préambule ne reconnaissait comme religions traditionnelles de la Russie uniquement l’orthodoxie, l’islam, le judaïsme et le bouddhisme. Le président Boris Eltsine, auquel le pape avait écrit pour exprimer sa préoccupation pour la situation des catholiques en Russie, a opposé son veto et demandé une modification de ce préambule, de façon à ne pas discriminer les «minorités» catholique et protestante.

Selon l’agence Interfax, qui cite le «Conseil politique consultatif de l’exécutif russe», des amendements dans ce sens auraient été introduits dans le texte soumis à nouveau cette semaine au vote des députés, dans le cadre de la loi sur «la liberté de conscience et l’activité des organisations religieuses». (apic/kna/kap/imed/be)

9 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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