Moscou: Un «artiste» russe provoque un scandale en s’attaquant à des icônes

26 icône détruites au «nom de l’art»: Provocateur devant la justice

Moscou, 15 janvier 1999 (APIC) En s’attaquant à des icônes, même achetées bon marché, un «artiste» russe a provoqué un scandale pour avoir profané des icônes lors d’une exposition d’art à Moscou. Son geste conduira le provocateur directement en justice. Selon le ministère public en effet, l’artiste russe encourt des peines criminelles pour «instigation à l’hostilité envers la religion».

«L’oeuvre» présentée par l’artiste Avdei Ter-Oganyan et son groupe lors de l’exposition annuelle d’art tenue en décembre au grand palais des expositions à Moscou, a provoqué des réactions scandalisées de la presse nationale et de l’Eglise orthodoxe russe.

Pour exécuter cette oeuvre «des jeunes athées», l’artiste a expliqué qu’il avait acheté 26 icônes bon marché du Christ et de la Sainte Vierge. Après les avoir brisées à coups de hache, il avait inscrit des paroles obscènes, planté des clous et collé des imitations d’excréments sur ces icônes.

Grandeur et décadence: les visiteurs pouvaient acheter «ces merveilleux objets de blasphème» pour un montant de 120 à 200 roubles (6 et 10 dollars EU) et les profaner «sous la direction des jeunes athées» pour 20 roubles supplémentaires, a précisé le pseudo-artiste à l’Agence œcuménique ENI.

Pour les chrétiens orthodoxes, les icônes sont sacrées

Pour les chrétiens orthodoxes, les icônes sont sacrées. Les images du Christ, de la Sainte Vierge et des saints sont considérées plus comme des objets sacrés que des représentations esthétiques. Durant la campagne menée contre la religion par le régime soviétique dans les années 20, les autorités ont confisqué des milliers d’icônes dans les églises et les ont livrées au bûcher. De nombreuses personnes ont risqué leur vie pour sauver les images sacrées de la destruction.

Ter-Oganyan voulait «choquer» et montrer son «attitude négative envers l’orthodoxie», a-t-il dit. De nombreux artistes qui exposaient ont été profondément choqués par son action. Après qu’un groupe d’artistes eut déposé plainte auprès de l’administration de l’exposition, ses oeuvres ont été retirées. Une autre plainte a été adressée au bureau du procureur général du district de Khamovnichesky.

Vsevolod Chaplin, porte-parole du patriarcat de Moscou de l’Eglise orthodoxe russe, a déclaré que l’exposition de Ter-Oganyan constituait un acte de «blasphème» et de «vandalisme», et estimé que le bureau du procureur avait réagi de façon adéquate en traînant l’»artiste» devant le tribunal.

«Cela porte atteinte non seulement aux idées religieuses des chrétiens orthodoxes et offense leurs sentiments, mais enfreint aussi la législation actuelle», a fait remarquer V. Chaplin. «Nous ne parlons pas contre la liberté artistique. Mais dans ce cas la façon de s’exprimer de certains porte atteinte à la liberté et aux sentiments d’autres.»

Selon Svetlana Petrenko, porte-parole du bureau du procureur de la ville de Moscou, le cas a été transmis par le procureur du district à la juridiction de la ville, ou une unité spéciale a été mise en place en décembre pour examiner les cas d’extrémisme politique et religieux. Elle précise que cette mesure a été prise à la demande du président Boris Eltsine adressée aux organismes chargés d’appliquer la loi contre les actions extrémistes. Mais, dit-elle, des cas tels que «l’instigation à l’hostilité ethnique, raciale et religieuse sont particulièrement difficiles car ils impliquent une interprétation et exigent le témoignage spécialisé de linguistes et psychologues».

Ter-Oganyan avait déjà présenté des «œuvres» semblables au Monténégro l’an dernier. Son action avaient été condamnées par l’Eglise orthodoxe serbe. (apic/eni/pr)

15 janvier 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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