Moscou: Un évêque orthodoxe russe écarte tout «compromis» sur la papauté
La primauté du pape? D’»honneur, pas de compétences»
Moscou, 10 juin 2007 (Apic) Un représentant de l’Eglise orthodoxe russe a écarté tout «compromis» avec l’Eglise catholique concernant le statut de la papauté, question qui continue de diviser les Eglises catholique et orthodoxes.
«Aucun compromis ne peut être trouvé sur cette question,» a déclaré l’évêque orthodoxe russe Hilarion de Vienne et d’Autriche. Celui-ci est l’émissaire du patriarcat de Moscou auprès des organisations européennes et il s’exprimait lors d’une interview avec l’agence de presse Interfax, à l’approche d’une réunion, en octobre, de théologiens orthodoxes et catholiques à Ravenne, en Italie.
L’Eglise catholique enseigne que le pape joue un rôle majeur auprès des chrétiens car, en tant qu’évêque de Rome, il est le successeur de l’apôtre Pierre qui, selon certaines traditions, a occupé cette fonction.
Dans cette interview, l’évêque Hilarion relève que d’un point de vue historique, «la primauté de l’évêque de Rome dans l’Eglise chrétienne est, selon nous, une primauté d’honneur, pas de compétences. C’est-à-dire que la compétence du pape de Rome ne s’est jamais appliquée à toutes les Eglises».
La question de la primauté papale devrait occuper le centre des discussions entre les représentants orthodoxes et catholiques lors de la réunion de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe, qui aura lieu à Ravenne (Italie).
La Commission, créée en 1979, a traversé une zone de turbulences dans les années 90 à cause de tensions religieuses qui agitaient l’Europe de l’Est post-communiste. Les négociations ont été interrompues en 2000 en raison de la question de «l’uniatisme», c’est-à-dire des Eglises grecques-catholiques ou catholiques orientales qui sont fidèles à Rome mais pratiquent divers rites orthodoxes.
La détente relative entre orthodoxes et catholiques amorcée avec l’arrivée du pape Benoît XVI a relancé un nouveau cycle de discussions, qui a eu lieu à Belgrade en 2006. Cette réunion a cependant mis en évidence la division de l’orthodoxie, Moscou et le Patriarcat de Constantinople se livrent à une lutte d’influence sur le monde orthodoxe.
Le patriarche oecuménique de Constantinople est considéré par de nombreux fidèles comme un primus inter pares (premier parmi ses pairs) dans la hiérarchie de l’Eglise orthodoxe, mais le patriarcat de Moscou exerce son autorité sur la plus grande population orthodoxe du monde.
Lors de la réunion de Belgrade, les représentants de l’Eglise russe s’étaient notamment opposés à un paragraphe qui, de leur point de vue, plaçait Constantinople à égalité avec Rome.
L’orthodoxie, a déclaré l’évêque Hilarion, n’a pas de hiérarque ou de leader religieux analogue au pape. «Il ne faudrait pas créer l’illusion qu’un tel hiérarque existe,» a-t-il ajouté. (apic/eni/pr)