«Motion de défiance» à ’égard de Ettore Gotti Tedeschi
Rome: Le président de la banque du Vatican a été poussé à démissionner
Rome, 24 mai 2012 (Apic) L’Italien Ettore Gotti Tedeschi, président de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), a été poussé à quitter ses fonctions par le Conseil de surintendance de la banque du Vatican le 24 mai, a indiqué le soir même un communiqué officiel. Les membres du Conseil de surintendance ont ainsi adopté une «motion de défiance» à son égard et recommandé «la fin de son mandat».
Le banquier sexagénaire quitte ses fonctions au terme d’un bras de fer concernant l’application de la loi sur la transparence financière du petit Etat et la conduite des affaires du IOR.
Alors que des experts européens de Moneyval en charge d’évaluer les mesures de lutte contre le blanchiment d’argent doivent décider début juillet si le Vatican peut figurer sur la ›White list’ des Etats vertueux, une nouvelle affaire vient secouer l’Institut pour les œuvres de religion. Au cours d’une réunion ordinaire, le Conseil de surintendance de cet organisme n’a ainsi pas souhaité renouveler sa confiance à celui qui en tient les rênes depuis le 23 septembre 2009, jugeant que la gouvernance du IOR s’était «ultérieurement détériorée».
Estimant qu’Ettore Gotti Tedeschi n’avait pas assuré «plusieurs fonctions de première importance de sa charge», les membres du board du IOR ont souhaité qu’il ne fasse plus partie de l’institution. «Attristés» par les évènements qui ont conduit à cette motion de défiance, ils ont en outre indiqué que cette démarche était «importante pour maintenir la vitalité de l’institution». Désormais à la recherche d’un «excellent président», ils ont enfin espéré que celui-ci permettrait de rétablir des relations entre le IOR et la communauté financière «basées sur un respect mutuel des standards bancaires internationalement acceptés».
Un Allemand pressenti à la présidence
Le Saint-Siège a par ailleurs indiqué que la commission cardinalice de surveillance du IOR présidée par le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone se réunirait le 25 mai afin de tirer les conséquences de la décision du Conseil de surintendance. Il n’est pas impossible qu’elle nomme alors à la tête du IOR son actuel vice-président, l’Allemand Ronaldo Hermann Schmitz, ancien directeur exécutif de la Deutsche Bank.
Fervent catholique, professeur d’économie à l’Université catholique de Milan et président pour l’Italie du Banco Santander, Ettore Gotti Tedeschi avait été placé à la tête du IOR en septembre 2009. La commission cardinalice comptait alors sur lui pour donner plus de transparence à une institution touchée par un scandale financier majeur dans les années 1980 et dont les activités restent entourées du plus grand secret.
Quelque temps après son arrivée, le IOR avait été impliqué dans une enquête de la justice italienne concernant des mouvements d’argent suspects. Depuis plusieurs mois, les autorités vaticanes font en sorte de rapprocher le petit Etat des standards internationaux de bonne gestion. Mais des fuites de documents confidentiels ont mis à jour des luttes internes concernant cette recherche de transparence.
Ces derniers jours, des dizaines d’ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège avaient été invités à visiter le siège du IOR. Les plus hauts responsables de la banque et des membres de la Secrétairerie d’Etat avaient alors vanté les mérites de l’institution en terme de transparence financière. (apic/imedia/ami/bb)