Muhammad Yunus: «Débordé par les Rohingyas, le Bangladesh a besoin du pape»

En vue du voyage du pape François au Bangladesh en fin novembre 2017, Muhammad Yunus a confié ses espoirs et ses craintes concernant les Rohingyas. Ce natif du Bangladesh et prix Nobel de la paix 2006 était au Vatican pour un symposium international sur le désarmement nucléaire, du 10 et 11 novembre.

Economiste et chef d’entreprise, ‘inventeur’ du micro-crédit, Muhammad Yunus estime que le message de paix du pape François est «extrêmement important», parce que les gens l’écoutent. Il espère que le pape puisse visiter les camps de Rohingyas à la frontière entre Bangladesh et Myanmar.

Pour lui, la question des réfugiés est un «énorme problème» pour son pays: «nous n’étions pas préparés à recevoir soudainement plus de 600’000 personnes. Cela a créé beaucoup de tensions», explique-t-il.

«Processus de génocide»

Dans les deux derniers mois, la quasi-totalité des Rohingyas, majoritairement musulmans, a dû fuir le Myanmar, persécutée par le régime birman. Comme d’autres peuples dans ce pays multi-ethnique, les Rohingyas n’existent pas en tant que citoyens. Il y a un «processus de génocide» subi par cette population au Myanmar voisin, affirme-t-il encore, «les Nations unies parlent de cas d’école d’épuration ethnique». Muhammad Yunus souhaite ainsi que le pape dénonce ce mal à la face du monde.

«Les Rohingyas doivent pouvoir retourner dans leur pays, souligne-t-il, et le Myanmar doit les recevoir avec dignité et honneur. De façon à ce qu’ils puissent vivre pacifiquement dans leur propre pays, comme citoyens à part entière».

Le pape François sera le premier Souverain pontife à visiter le Myanmar (ex-Birmanie), du 27 au 30 novembre 2017, et le troisième à venir à Dacca au Bangladesh, du 30 novembre au 2 décembre. La visite des camps de Rohingyas n’est pour le moment pas prévu au programme. (cath.ch/imedia/ap/gr)