Inquiétudes dans le clergé

Namur: Retour des messes selon Saint Pie V dans le diocèse de Mgr Léonard

Namur, 2 octobre 2003 (Apic) Mgr André-Mutien Léonard, évêque de Namur, a donné son autorisation pour le retour des messes selon Saint Pie V à Namur. L’initiative a été prise avec l’aval du pape Jean Paul II, relate l’agence de presse catholique CathoBel. Tout le clergé namurois n’applaudit pas. Loin de là.

A partir du 19 octobre prochain, la chapelle Sainte-Thérèse à la citadelle de Namur accueillera chaque dimanche une messe en latin, comme avant le concile. Le lieu deviendra le rendez-vous namurois des adeptes du rite catholique traditionnel selon Saint-Pie V.

Soutenu par le pape et par l’évêque de Namur, selon Cathobel, ce projet n’est cependant pas applaudi par l’ensemble du clergé namurois. Le quotidien «Vers l’Avenir» confirme, en donnant récemment la parole à l’abbé Louis Dubois, secrétaire du Conseil presbytéral de Namur. Ce dernier, qui a longtemps commenté durant 32 ans les messes à la radio, se dit inquiet du retour du traditionalisme dans l’Eglise.

Pour se faire, un accord entre les parties était nécessaire. C’est aujourd’hui chose faite. Il a été récemment signé entre la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, l’évêque de Namur, Mgr André-Mutien Léonard, l’Asbl qui gère la chapelle Sainte-Thérèse et la paroisse Saint-Jean- l’Evangéliste dont dépend ladite chapelle.

Les célébrations qui auront lieu dans la chapelle de la Citadelle de la capitale wallonne auront la forme des messes que prônait Mgr Lefebvre, l’évêque intégriste à l’origine du schisme entre Rome et les intégristes «lefebristes», il y a quinze ans.

Ces messes traditionnelles, qui auront lieu dans la chapelle Sainte- Thérèse, respecteront les caractéristiques de la messe de Pie V, à savoir: les textes, tous dits en latin, à l’exception des lectures et de l’homélie, sont tirés du missel de saint Pie V.

Réactions dans le clergé namurois

Interrogé par «Vers l’Avenir», l’abbé Louis Dubois ne cache pas son inquiétude à propos de l’arrivée de catholiques à sensibilité traditionaliste à Namur, car «leur traditionalisme dépasse l’aspect liturgique». Ce n’est pas l’usage du latin dans l’un ou l’autre chant de messe qui pose problème. Mais plus fondamentalement, explique l’abbé Dubois, ce qui est inquiétant, c’est la négation de «toute l’avancée du concile, qui donne priorité au peuple de Dieu».

Or, dit-il, le concile fut une libération. Pour Louis Dubois, ce n’est ni le prêtre ni les gestes de la messe qui sont sacrés, mais l’homme. En renforçant l’aspect sacré du prêtre, on gomme la responsabilité du laïc. Et Jésus, souligne-t-il, n’a jamais tourné le dos au peuple!

Mgr André-Mutien Léonard, évêque de Namur qui a donné son accord, dit pourtant garder une certaine distance prudente par rapport à la promotion du rite d’avant 1962. Pour l’évêque, «le respect du sacré peut aussi bien se pratiquer dans le rite nouveau»… La nouvelle communauté s’installe «en parfait accord avec l’autorité ecclésiastique moderne». Il y aura échange de présence dans les murs de la chapelle, explique-t-il: la première messe en latin à Sainte-Thérèse, sera précédée quelques jours avant par la célébration habituelle en rite «moderne» que présidera l’évêque en personne le 15 octobre prochain. Le 14 décembre enfin, Mgr Léonard se rendra en la même chapelle, pour concélébrer en latin et en rite traditionnel, avec l’abbé Hervé Hygonnet, de la Fraternité Saint-Pierre.

En Belgique, cette Fraternité est centralisée à Bruxelles avec deux prêtres et un diacre, tous trois français. Le prêtre qui sera en fonction à Namur sera précisément l’abbé Hygonnet, âgé de 36 ans. Cet ancien séminariste d’Ecône est natif de Pontoise, dans la région parisienne. (apic/cb/vla/pr)

2 octobre 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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