Népal: L’organisation des droits humains Insec dénonce la dictature du roi
«Le pays est en train de perdre la démocratie»
Katmandou, 9 février 2005 (Apic) «La bonne réponse aux faiblesses de la démocratie est davantage de démocratie, pas une dictature», affirme à l’agence catholique MISNA Subodh Raj Pyakurel, directeur de l’organisation de défense des droits de l’Homme Insec. Il dénonce la «grave violation de la constitution» commise par le roi du Népal, qui a dissous le parlement il y a deux ans.
«Par sa décision de dissoudre le gouvernement et de se placer à la tête d’un exécutif qu’il a lui-même désigné, le roi a gravement violé la Constitution, qui interdit au souverain de guider le gouvernement et requiert que l’état d’urgence soit confirmé par le Parlement, ce qui n’a pas été le cas, vu que le Népal n’a pas de Parlement depuis 2 ans», a poursuivi Subodh Raj Pyakurel, se référant à la dissolution de l’Assemblée nationale en 2002, sans convoquer de nouvelles élections.
Le directeur d’Insec exprime ses craintes face à la création d’un «État policier» qui a pris pour cible les politiciens, les représentants syndicaux et, en moindre mesure, la société civile. «Même les parents des politiciens assignés à résidence doivent rester chez eux, mais ils ne peuvent pas voir leur proche qui est enfermé dans une pièce contrôlée par les soldats» dit-il, en parlant de la situation que vivent l’ex-premier ministre Sher Bahadur Deuba et d’autres représentants politiques et syndicaux.
Subodh Raj Pyakurel ajoute qu’hier, la Cour Suprême a rejeté une demande de définition de chefs d’accusation déposée par l’Association des avocats népalais pour leur collègue Hindu Nath Pyakurel, arrêté sans motifs le 2 février dernier. «C’est un signe clair que les institutions sont sous le contrôle arbitraire du roi Gyanendra et, je le crains, de l’armée qui répond directement au souverain», commente-t-il.
Notre interlocuteur explique qu’en 2001, avec la montée sur trône de Gyanandra – suite à la mort du roi Birendra, de la reine et des enfants dans une tuerie familiale – un commando unifié a été créé afin de combattre la guérilla maoïste. Il ajoute que l’effectif de l’armée a doublé ces deux dernières années et que, comme de tradition, les dirigeants de l’armée et les hauts officiers sont issus de la famille royale et de ses conjoints. (apic/misna/bb)