Neuchâtel: Sœur Cristina, The Voice of Italy 2014, électrise la foule

«Je ne suis pas la Sœur Cristina de la TV, ma seule vraie vocation, c’est ma vocation religieuse – à 100% ! Le chant est un moyen qui m’aide à transmettre la foi, à faire connaître Dieu, particulièrement aux jeunes qui sont éloignés de l’Eglise», confie à cath.ch la jeune ursuline italienne de 29 ans.

Invitée vedette de la fête du bicentenaire de la paroisse de Notre-Dame de l’Assomption à Neuchâtel, la religieuse de la congrégation des Sœurs ursulines de la Sainte Famille  a fait le show dimanche après-midi 27 août à la Patinoire du Littoral, devant une foule enthousiaste de quelque 600 personnes, dont un bon tiers de jeunes. La religieuse a entrecoupé ses chants, en anglais, par des témoignages sur sa vocation religieuse et son aventure avec The Voice of Italy, un concours télévisé qu’elle a remporté en 2014 et qui l’a rendue célèbre bien au-delà des frontières de  l’Italie.

«Les jeunes ont besoin de ce langage…»

«Les jeunes ont besoin de ce langage… Il y a un an et demi, quand nous commencions à préparer la fête des 200 ans de notre paroisse, relève l’abbé Vincent Marville, depuis 8 ans curé de «l’église rouge», comme on appelle couramment la basilique neuchâteloise, on cherchait à organiser un événement qui pourrait à la fois rassembler la communauté locale, rejoindre le plus de monde, en particulier ceux qui ne viennent jamais à la messe, mais aussi la faire connaître à l’extérieur».

«C’est au même moment que Sœur Cristina faisait le ‘buzz’ sur les réseaux sociaux. Alors nous sommes allés à Rome, le curé, accompagné de trois membres du conseil de paroisse, pour faire connaissance avec cette religieuse. Elle jouait dans la comédie musicale Sister Act au Teatro Brancaccio, à Rome. Nous voulions la rencontrer personnellement et elle a accepté notre invitation».

Soeur Cristina a électrisé son public à Neuchâtel (Photo: Jacques Berset)

La religieuse n’a pas pris la grosse tête

Les dizaines de millions de vues sur les réseaux sociaux, suite à sa victoire au concours The Voice of Italy 2014, n’ont pas fait tourner la tête de la jeune sicilienne Cristina Scuccia, née le 19 août 1988 à Comiso, dans la province de Raguse. Suor Cristina, comme elle est connue dans son pays, vit à Milan, dans l’Institut des Sœurs ursulines de la Sainte Famille. Sa congrégation est installée en Italie, au Brésil et en Corse.

«J’ai vécu deux ans au Brésil, de 2010 à 2012, dans le Conjunto Santo Angelo, dans la périphérie de Sao Paulo, à m’occuper d’enfants de la rue, dans un projet éducatif et culturel. Nous fournissions également de quoi manger à ces enfants. Ce sont les plus belles années de ma vie! C’est à mon retour que j’ai prononcé mes vœux temporaires chez les ursulines, où j’étais entrée en 2009. Je prononcerai mes vœux définitifs ces prochaines années, en tout cas pas avant 2018…»

Adolescente, Cristina a rejeté une religion ressentie comme un carcan

Comment a-t-elle trouvé la vocation, elle qui venait d’une famille catholique, mais qui, adolescente, avait rejeté une religion qu’elle ressentait comme un carcan? C’est la rencontre avec une figure qui l’a marquée, celle de Suor Rosa Roccuzzo, fondatrice il y a un peu plus d’un siècle des Sœurs ursulines de la Sainte Famille. «Ce fut comme un coup de tonnerre dans un ciel serein!»

Une fille un peu «révoltée»

Mais faisons un pas en arrière dans le temps: Cristina Scuccia, comme beaucoup d’adolescentes de l’époque, était un peu «révoltée». La religion que lui transmettait sa mère lui paraissait imposée, elle qui voulait être libre et choisir elle-même sa voie. C’est qu’ainsi qu’elle s’était éloignée de l’Eglise: «Je voulais mon autonomie, ma liberté, pas de règles imposées et d’une religion d’interdits. J’avais des amis, un amoureux…»

Cristina avait bien un diplôme d’une école de comptabilité, mais elle avait exercé divers petits boulots, par exemple dans une pizzeria. Sa passion restait pourtant le chant. «J’avais cette créativité, comme seul le Seigneur peut nous en faire don!»

«A la demande de ma mère, qui avait connu les ursulines qui fêtaient leur centenaire, j’ai rencontré la directrice de la Star Rose Academy, l’école de spectacle fondée par les ursulines. Elle m’a choisie pour le spectacle musical joué à l’occasion du centenaire de la fondatrice des ursulines de la Sainte Famille, Suor Rosa Roccuzzo».

Un coup de tonnerre dans un ciel serein

«J’avais hésité, mais c’était pour moi l’occasion de chanter, de danser et de me montrer en public. La rencontre avec cette personnalité m’a transformée. J’ai senti qu’il manquait quelque chose à l’intérieur de moi. Le fait que cette personne avait tout quitté pour suivre le Christ et aider les autres m’a bouleversée. Je n’avais auparavant jamais pensé à une vie religieuse, mais à partir de ce moment, tout a changé».

Suor Cristina connaît désormais la célébrité. Elle a voyagé en tournée des Amériques au Japon, mais elle assure qu’elle a gardé beaucoup de sérénité et de simplicité. «Je ne me rends pas compte de cette célébrité, car ma vie appartient à ma communauté», assure-t-elle, avant de partir se préparer pour son spectacle.

Alain Auderset avec le prototype de sa nouvelle BD Les souvenirs d’Azvaltya (Photo: Jacques Berset)

«Les choses de Dieu, pas seulement pour les professionnels»

Auparavant, la fête, qui s’adressait  à un public varié, avait accueilli, pour les familles, la conteuse Aline Gardaz De Luca, nièce du célèbre animateur de radio Emile Gardaz, qui a entraîné petits et grands dans la monde enchanteur de sa Roulotte des Contes. Pour honorer l’aspect œcuménique, le dessinateur de BD Alain Auderset, issu du monde protestant, a offert un témoignage touchant illustré par ses dessins. Auteur d’une dizaine de BD – il en a écoulé en 16 ans quelque 120’000 exemplaires -, il veut faire, à travers ses dessins, passer un message, «suivre Jésus au mieux et le présenter aux autres, car, assure-t-il à cath.ch, les choses de Dieu, ce n’est pas seulement pour les professionnels». Il le dit avec son humour si particulier, en tenant dans ses mains le prototype de sa prochaine BD, Les souvenirs d’Azvaltya, qui paraîtra en octobre prochain. JB


Un peu d’histoire catholique en pays de Neuchâtel

La paroisse catholique de Neuchâtel célèbre en 2017 le 200e anniversaire de sa reconstitution. Selon la tradition – mais l’historien d’aujourd’hui se montre beaucoup plus circonspect quant à la date précise du retour officiel du culte catholique – ce fut le 31 octobre 1817 que l’abbé fribourgeois Joseph Aebischer réorganisa le culte qui avait été aboli le 23 octobre 1530 suite à la Réforme .

Le culte catholique avait été réintroduit en 1806 déjà en ville de Neuchâtel, mais il est vrai qu’il a connu un nouvel élan avec l’arrivée de l’abbé Aebischer. Originaire de Fribourg, ce prêtre dynamique fut nommé officiellement le 7 mai 1816, non pas comme curé de la paroisse de Neuchâtel, mais comme chapelain des religieuses de l’hôpital Pourtalès. Cette précaution rhétorique permettait de ne pas froisser les autorités protestantes neuchâteloises, passablement hostiles à la création d’une paroisse catholique dans son fief, peut-on lire sur le site de Notre-Dame de Neuchâtel https://www.notredameneuchatel.ch/histoire. (cath.ch/be)

 

Soeur Cristina avec l’abbé Vincent Marville, curé modérateur de l’Equipe pastorale Neuchâtel-Ville
27 août 2017 | 18:37
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 5 min.
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