elles vont disparaître, avertit le théologien allemand Pannenberg

New York: les Eglises protestantes doivent changer, sinon (180694)

Manque de conviction pour exprimer leur foi et leur identité chrétienne

New York, 18juin(APIC) Seules les Eglises catholique-romaine, orthodoxes

et protestantes évangéliques survivront au XXIe siècle, à moins que les

grandes Eglises protestantes n’expriment avec plus de conviction leur foi

et leur identité chrétienne, a déclaré le théologien protestant conservateur Wolfhart Pannenberg, de Munich, au cours d’un entretien tenu à New

York.

Le théologien a accusé les Eglises protestantes – en Europe et en Amérique du Nord – d’»abandonner l’essentiel de la foi chrétienne». A moins

qu’elles ne changent, elles seront incapables d’offrir une solution de remplacement acceptable au «vide spirituel de la vie moderne», a-t-il souligné.

Wolfhart Pannenberg, membre de l’Eglise évangélique d’Allemagne (EKD),

qui donnait une série de conférences à Ottawa, Boston et New York, a averti

que «les Eglises protestantes historiques couraient le risque de disparaître si elles ne luttaient pas contre l’esprit de la culture en voie de laïcisation ou ne s’efforçaient pas de le transformer».

Evoquant la conférence controversée «Re-Imagining Conférence», tenue en

novembre dernier à Minneapolis, la traitant d’exemple de «néopaganisme», de

liturgie et théologie oecuméniques sans contrôle, le profeseur Pannenberg a

rappelé qu’il n’était pas inévitable que les Eglises anglicanes et celles

de la Réforme succombent à «l’attraction de la laïcisation». Mais qu’à ce

stade, «elles en perdaient leur authenticité chrétienne et devenaient partenaires oecuméniques moins intéressants pour les catholiques-romains».

«Mes partenaires se moqueraient de moi», si…

Aux yeux du théologien allemand, les grandes Eglises protestantes risquent la désintégration en raison des pressions exercées sur elles pour

qu’»elles acceptent un clergé homosexuel. Si les Eglises protestantes acceptent des pasteurs homosexuels et des pasteurs ayant des partenaires homosexuels, elles ne peuvent prétendre être des Eglises fondées sur l’autorité de la Bible, avec l’héritage de la Réforme».

«Si, en tant que théologien oecuménique, je devais représenter une telle

Eglise dans le dialogue oecuménique, mes partenaires orthodoxes et catholiques se moqueraient de moi», a dit le professeur Pannenberg, membre du dialogue entre catholiques-romains et luthériens d’Allemagne depuis les années

50.

Tout en soulignant que les Eglises doivent faire preuve de tolérance envers les homosexuels, il a relevé que la tolérance présuppose l’existence

d’une ligne de conduite: «Les homosexuels voudraient que leur mode de vie

soit accepté comme tout autre mode d’existence. C’est précisément ce que

l’Eglise ne peut accorder».

Sur la question de la moralité sexuelle, le conférencier a déclaré accepter une grande partie de ce que le pape Paul VI avait écrit dans son Encyclique «Humanae Vitae» (1968), avec une grande exception: «Je déplore son

interdiction de la contraception artificielle dans le mariage. Rien n’est

si préjudiciable pour le Saint-Siège que cette interdiction». L’autorité de

l’enseignement de l’Eglise catholique romaine aurait pu être renforcée «si

Rome avait consulté d’autres Eglises avant de publier le document».

L’autocritique du Vatican…

Wolfhart Pannenberg, proche ami du cardinal Joseph Ratzinger, préfet de

la Congrégation pour la doctrine de la foi, estime, à la suite d’une visite

à Rome en janvier, que «le plus grand obstacle à l’oecuménisme dans le monde est l’ordination des femmes à la prêtrise».

La question s’est amplifiée, a-t-il ajouté, parce que le Vatican y voit

un lien avec le féminisme radical. Le théologien a rappelé que des femmes

de pasteurs d’Allemagne et des membres du clergé féminin protestant d’Amérique du Nord étaient devenues les «porte-parole des féministes radicales,

en particulier des lesbiennes». Selon lui, un tel lien ne pouvait que discréditer l’ordination des femmes et rendre un mauvais service à l’avenir de

la théologie féminine. «Le féminisme radical nuit aux intérêts de la femme

dans l’Eglise».

En tant qu’oecuménisme de longue date – et un des orateurs de la Conférence de foi et constitution tenue en août dernier à Saint-Jacques-de-Compostelle -, le théologien propose que le Vatican entame une «autocritique

et se repente de son attitude de rejet, en particulier à l’égard des anglicans». (apic/spp/pr)

19 juin 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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