Le président accusé de donner des gages aux évangéliques
New York: Les groupes religieux dans le débat sur Terri Schiavo
New York, 23 mars 2005 (Apic) Le cas de Terri Schiavo, cette femme victime d’un accident cérébral en 1990, dont les parents ont engagé une bataille juridique pour la maintenir en vie, contre la demande du mari, est aujourd’hui au centre d’un débat qui agite les Etats-Unis. Plusieurs communautés religieuses en profitent pour défendre «le droit à la vie».
Le Congrès des Etats-Unis et le président George Bush sont intervenus dans le cas de Terri Schiavo, une femme de Floride âgée de 41 ans, plongée dans un état végétatif depuis 1990. Le débat a été relancé lorsque le Congrès des Etats-Unis, réuni en session spéciale durant le week-end, a approuvé un projet de loi permettant à la Cour suprême d’émettre un nouveau jugement. Le président George Bush, proche des évangéliques, s’est prononcé en faveur de cette législation.
Plusieurs communautés religieuses – entre autres des catholiques romains et des chrétiens évangéliques – se sont saisies de cette affaire pour mettre l’accent sur «le droit à la vie». Des responsables catholiques ont exprimé leur soutien à la déclaration du Congrès. Le cardinal Theodore E. McCarrick de Washington a souligné le 21 mars lors d’une conférence de presse que le pape Jean Paul II avait dit que les gens se trouvant dans un état qualifié de «végétatif» avaient droit à une assistance médicale de base comme l’alimentation et l’hydratation. Le cardinal a relevé qu’en privant délibérément la patiente d’eau et de nourriture afin d’accélérer sa mort serait une forme «d’euthanasie, ce qui est très grave».
Le mardi 22 mars, un juge fédéral, James D. Whittemore, a refusé la requête des parents, qui demandaient que la sonde d’alimentation soit de nouveau rebranchée pour maintenir en vie la malade. Les parents ont fait appel de cette décision auprès de la Cour fédérale d’appel qui, le mercredi, par deux voix contre une, a aussi rejeté leur demande.
Des arguments juridiques qui changent d’heure en heure
Les arguments juridiques évoqués dans ce cas, qui changent d’heure en heure, portent sur un conflit entre les parents de Terri Schiavo, Bob et Mary Schindler, et son mari, Michael Schiavo, engagés dans une longue lutte concernant la décision de débrancher ou non la sonde d’alimentation de Terry Schiavo.
Les parents affirment que l’état de leur fille, née dans un milieu catholique, pourrait s’améliorer et qu’elle répond encore à certaines formes de stimuli. Ils refusent le débranchement de la sonde alimentant de leur fille, qui va entraîner sa mort.
Michael Schiavo répond que sa femme lui a signifié explicitement qu’elle ne voulait pas que des mesures radicales soient prises pour la maintenir en vie et que les médecins estiment qu’elle n’a aucune chance de guérir.
Dans une déclaration du 22 mars, le pasteur Rob Schenck, président du Conseil national du clergé, a critiqué la décision du juge fédéral. «La dureté de la disposition du juge envers Terri et ses parents est effrayante», a-t-il dit. «L’arrogance des tribunaux comme celui-ci est ce qui déclenche une nouvelle révolution américaine.»
Complaisance
Pourtant, Annette Jones, pasteur de l’Eglise méthodiste unie, qui assiste des personnes affectées par le sida et le cancer, en fin de vie, a expliqué qu’elle conseillait aux familles de penser à ce que leurs proches voulaient avant de prolonger leur vie par des moyens artificiels. «Penser qu’enlever une sonde d’alimentation à une personne en état végétatif équivaut à un meurtre reflète un manque de compréhension», a fait remarquer Annette Jones, dont les propos ont été rapportés par le journal Miami Herald.
De son côté, le journal New York Times a critiqué l’action du président des Etats-Unis et du Congrès, dominé par les Républicains, dans un éditorial du 22 mars, en soulignant que ce qu’ils avaient fait était «épouvantable». S’exprimant sur le Congrès, le journal écrit: «Leur immense complaisance s’adresse non à l’ensemble de la population, mais à leur base électorale parmi les conservateurs évangéliques et fondamentalistes, qui demandent plus d’égards depuis qu’ils ont contribué à la victoire des Républicains l’an dernier.» (apic/eni/vb)