Le maire dénonce une attaque contre les catholiques

New York: Une représentation de la Vierge Marie déclenche une controverse sur l’art

New York, le 29 septembre 1999 (APIC) – Une exposition d’oeuvres contemporaines d’artistes britanniques prévue à New York, comportant entre autres une représentation controversée de la Vierge Marie, a déclenché de vives réactions. Rudolph Giuliani, le maire républicain catholique de la ville, menace de couper les fonds attribués au musée qui accueille cette exposition.

Selon le maire l’argent du contribuable ne doit pas servir à subventionner cette exposition intitulée «Sensation», prévue pour octobre au Musée d’art de Brooklyn. Rudolph Giuliani s’est dit choqué par un certain nombre d’oeuvres, en particulier une représentation de la Vierge Marie par le peintre britannique Chris Ofili, entourée d’excréments d’éléphant et de découpages tirés de revues pornographiques.

Pour le peintre Chris Ofili, catholique d’origine nigériane, qui a souvent utilisé des déchets dans d’autres oeuvres, cette démarche n’est pas un manque de respect mais fait référence à un symbole de pouvoir et de régénération connu dans la société nigériane. Pour Chris Offili, les peintures traditionnelles de la Vierge Marie ont aussi une «connotation sexuelle» et son oeuvre est «simplement une version nouvelle vague».

Pour le maire Giuliani, qui estime que ce tableau et d’autres oeuvres exposées sont «malsaines», l’argent de la ville ne doit pas servir à soutenir un musée qui dénigre l’Eglise catholique en organisant une telle exposition.

Le cardinal John O’Connor a lui aussi critiqué l’exposition dans l’homélie qu’il a prononcée dimanche à la cathédrale Saint-Patrick. Il s’est déclaré attristé par cette attaque «contre notre mère bénie» et s’est demandé si l’exposition, et notamment l’oeuvre de Chris Ofili, n’était une offensive contre la religion «et en particulier, contre l’Eglise catholique».

Joli coup de pub

L’exposition «Sensation» montée pour la première fois il y deux ans à Londres avait déjà provoqué la controverse. Rudolph Giuliani, soutenu par une grande partie des catholiques de la ville, dément mener un combat politique à propos de cette affaire. Les observateurs rappellent néanmoins qu’il devrait s’engager l’an prochain dans la course pour un siège au sénat contre la première dame du pays Hillary Clinton.

En outre en menaçant de retirer une subvention, le maire se trouve sur un terrain risqué en matière de droit constitutionnel. La jurisprudence de la Cour suprême veut en effet que les organismes gouvernementaux ne puissent pas pénaliser des institutions lorsqu’elles présentent des sujets impopulaires.

«Le New York Times» dénonce l’attitude du maire qui nuit à la réputation de la ville considérée comme un centre mondial de l’art et de la culture. En matière d’esthétique, le rôle d’un maire est de «défendre l’autonomie et la liberté artistique des musées de la ville», souligne le chroniqueur.

Quoiqu’il en soit, la controverse a suscité un regain d’intérêt pour l’exposition et le musée lui-même. Depuis quelque temps, le Musée de Brooklyn s’efforce d’attirer une clientèle plus jeune et plus moderne, et cette exposition semble répondre à ce voeu. Le musée a néanmoins pris un certain nombre de précautions à toutes fins utiles: les jeunes de moins de 17 ans devront être accompagnés d’un adulte pour voir l’exposition. Dans ses annonces publicitaires, le musée avertit: «Le contenu de cette exposition peut choquer, faire vomir, engendrer la confusion, la panique, l’euphorie et l’angoisse. Si vous souffrez d’hypertension, de troubles nerveux ou de palpitations, vous devez consulter votre médecin.» Le Musée de Brooklin a par ailleurs annoncé qu’il allait porter plainte contre la mairie de New York. (apic/eni/mp)

29 septembre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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