Le plus haut taux d’analphabétisme après Haïti
Nicaragua: 25 ans après la campagne nationale d’alphabétisation, recul dramatique
Managua, 22 septembre 2005 (Apic) 25 ans après l’enthousiasme de la grande campagne nationale d’alphabétisation qui voulait éradiquer l’analphabétisme au Nicaragua, le recul est dramatique. Aujourd’hui, le Nicaragua connaît un taux d’analphabétisme de près de 34%, ce qui met désormais ce petit pays d’Amérique centrale à l’avant-dernier rang de l’hémisphère occidental, juste avant Haïti.
Gouverné dans les années 80 par la junte sandiniste, le Nicaragua fut longtemps la cible de l’administration américaine qui finançait les groupes armés de la «contra», qui menaient des actions terroristes dans le pays. La politique libérale imposée par Washington a eu des effets tangibles: aujourd’hui, le taux d’analphabétisme au Nicaragua est de près de 34%, selon les dernières données fournies par l’UNESCO.
Le Père jésuite Fernando Cardenal se souvient avec enthousiasme
Le Père jésuite Fernando Cardenal se souvient avec enthousiasme quand, il y a 25 ans, les leaders du nouveau gouvernement révolutionnaire du Nicaragua le chargèrent d’organiser la campagne nationale d’alphabétisation. «Je me réjouissais, mais j’étais effrayé, car je savais que cela allait être une tâche très compliquée», a-t-il confié à l’agence de presse catholique américaine CNS.
Coordinateur de la «Croisade nationale d’alphabétisation» (en 1980), puis ministre de l’Education nationale dans le gouvernement sandiniste (1984-1990) – ce qui lui valut d’être sanctionné par le Vatican et exclu un temps de la Compagnie de Jésus pour avoir refusé de renoncer à sa charge – le Père Cardenal ne regrette rien. La campagne d’alphabétisation avait permis de faire passer le taux d’analphabétisme de la population adulte de 51% à 12,9%.
Près de 100’000 jeunes Nicaraguayens ont enseigné à quatre fois plus de monde à lire et à écrire en quelque 5 mois. Leur engagement a été couronné par un prix de l’UNESCO, le Prix d’alphabétisation «Nadeshda K. Krupskaya», créé par le gouvernement soviétique. Depuis la chute du mur de Berlin et la fin du monde bipolaire où s’affrontaient les Etats-Unis et l’URSS, le Nicaragua n’attire plus l’attention des médias bien qu’il fasse partie du groupe des pays les plus pauvres du monde. (apic/cns/be)