Levée de boucliers des intégristes musulmans

Niger : Adhésion du pays à la convention contre la discrimination des femmes

Niamey, 21 septembre 1999 (APIC) Les intégristes musulmans nigériens ont demandé samedi au gouvernement de leur pays de revenir sur la ratification, le mois dernier, de la convention internationale sur l’interdiction de toute forme de discrimination à l’égard des femmes. Le Niger est le dernier pays africain à adhérer à cette convention.

Pour les fondamentalistes musulmans la convention est contraire à la loi islamique, notamment en ses articles 2, 7 et 28. Ceux-ci prévoient en particulier, l’égalité de l’homme et de la femme pour la gestion du foyer et prônent le partage équitable de l’héritage entre garçons et filles. L’application de ces dispositions va à l’encontre de la charia (loi islamique) et pourrait provoquer «l’éclatement de la famille», soulignent les intégristes nigériens L’adhésion du gouvernement nigérien à la convention a au contraire été saluée par les femmes et par les cadres de la société civile locale.

Quelques jours après la ratification officielle de la convention, les responsables des organisations islamiques ont organisé des prêches et prières dans plusieurs mosquées de la ville de Niamey, la capitale du pays. Ils ont aussi appelé les fidèles à observer un jeûne d’une journée afin de pouvoir faire annuler la décision du gouvernement.

A cette occasion, les islamistes ont qualifié de «mécréant» et d»’animiste» le chef de l’état, le colonel Daouda Malam Wanké, pourtant lui-même descendant d’une famille de marabouts.

Le porte-parole du gouvernement a souligné de son côté que l’adhésion du pays à la convention lui permettra de s’aligner sur le reste du monde. En outre la plupart des dispositions de la convention figuraient déjà dans les différentes lois.

La religion comme bouclier face à la crise

Pays musulman à plus de 90% sur une population totale de près de 6 millions d’habitants, le Niger est le pays d’Afrique occidentale où les mouvements islamistes sont les plus forts. Un activisme débordant qui s’explique notamment par le voisinage du Nigeria, connu pour son intolérance religieuse. La ville de Maradi (environ 600 km au nord) est un exemple de l’influence du voisinage. Située à 45 km de la frontière nigériane, elle est la capitale économique du pays, avec près de 46’000 habitants. Dans les années 70, elle était un grand centre de commerce et d’industrie, à cause de la traite de l’arachide dont ses habitants étaient grands producteurs.

Les musulmans nigériens pratiquent un islam sunnite. A Maradi par contre, ils sont chiites. Le succès de l’islam chiite est dû à la proximité de la ville nigériane de Kano, haut lieu du fondamentalisme au Nigeria. (apic/ibc/mp)

21 septembre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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