Un jeune homme pendu pour meurtre dans le Nord

Nigeria: Première exécution capitale depuis l’introduction de la charia, la loi islamique

Lagos/Dakar, 4 janvier 2002 (APIC) Pour la première fois depuis l’imposition de la loi islamique dans 12 des 36 Etats du nord du Nigeria, un condamné à mort pour meurtre a été exécuté jeudi par pendaison. La sentence a été appliquée conformément à la charia, la loi islamique.

La condamnation avait été prononcée, il y a deux mois par le tribunal islamique de Katsina, dans le Nord nigérian, dont la population est à majorité musulmane. Cet Etat s’était déjà illustré en décembre dernier en interdisant la mixité dans les lieux publics. Selon les termes de la loi, les hommes et les femmes, à moins d’être en famille, ne seront plus autorisés à être ensemble dans les lieux publics.

Le supplicié, un jeune homme de 27 ans du nom de Sani Yakubu, avait été reconnu coupable du meurtre à coups de couteau en juin dernier, d’une femme et de ses deux enfants au cours d’un acte de brigandage. La mère était une pharmacienne de 35 ans. Ses enfants étaient âgés de 4 ans et de trois mois. Traduit en justice en novembre dernier, Sani Yakubu a été condamné à la mort par pendaison. Au départ, le tribunal l’avait condamné à être poignardé, comme ses victimes, mais il s’est ravisé, craignant de nouvelles flambées de violence entre chrétiens, opposés à la charia, et musulmans.

Le tribunal lui avait donné un délai d’un mois pour faire appel du verdict. Mais il a refusé d’interjeter appel. Sa famille, citée par le correspondant de la BBC, a estimé que faire appel contre la sentence d’un tribunal islamique est considéré comme une rébellion envers Dieu. C’est agir contre les lois divines d’Allah, a précisé la famille.

L’exécution de Sani Yakubu a eu lieu dans la prison de Kaduna qui dispose d’installations de ce genre. Elle s’est déroulée en présence des membres du gouvernement local et de sa famille. Son corps a été ensuite rapatrié dans sa localité. En plus de la charia appliquée dans les seuls Etats à majorité musulmane, les actes criminels sont sévèrement réprimés par la Constitution fédérale du Nigeria de mai 1999. Elle prévoit la peine capitale pour des crimes, comme celui commis par Sani Yakubu. Des condamnés à la peine capitale sont ainsi souvent exécutés sur les lieux publics.

Amputations de mains et de pieds

La pendaison de Yakubu est sans précédent. Jusqu’à présent, les sanctions les plus dures prononcées par les tribunaux islamiques pour divers délits se limitaient à des amputations de mains ou de pieds, à des châtiments corporels, tels que coups fouet, à des peines d’emprisonnement ou le paiement d’amendes. Toutefois, depuis octobre dernier, ces tribunaux islamiques se sont radicalisés. L’un d’eux a condamné à mort par lapidation une jeune mère de famille de 35 ans, Safiya Husseini. Elle a été reconnue coupable d’adultère. Ce jugement n’a pas encore été appliquée, en raison notamment de la vague de protestations qu’il suscitée dans le monde. Depuis l’introduction de la loi islamique dans les Etats musulmans du nord du Nigeria, plus de 10’000 personnes ont été tuées lors de violences interreligieuses. (apic/ibc/be)

4 janvier 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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