Une société en pleine mutation religieuse et culturelle

Norvège: Une Commission demande la fin du statut de religion d’Etat de l’Eglise luthérienne

Amsterdam, 24 mars 2002 (APIC) De nombreuses réformes proposées par une commission de l’Eglise en Norvège pourraient mettre un terme au statut d’Eglise d’Etat de l’Eglise luthérienne de ce pays scandinave. La Commission Eglise-Etat de l’Eglise de Norvège a en effet proposé que l’autorité chargée de nommer des évêques soit transférée du gouvernement à un organisme d’Eglise, et que l’Eglise soit directement responsable de sa direction et de sa gestion.

Ces changements sont nécessaires pour placer l’Eglise de Norvège en «conformité avec la société norvégienne multiculturelle et multireligieuse», indique un communiqué de l’Eglise. Les réformes proposées dans le rapport de la commission publié début mars exigeraient un changement de la Constitution, et ne devraient pas entrer en vigueur avant au moins dix ans.

L’Eglise de Norvège est l’une des rares Eglises d’Etat qui restent encore dans le monde. La Constitution norvégienne, qui remonte à 1814, considère «la religion évangélique luthérienne» comme «la religion publique de l’Etat». Le roi est le chef constitutionnel de l’Eglise de Norvège et le Parlement en est son instance législative. Environ 86 % des Norvégiens sont membres de l’Eglise de Norvège. Le Premier ministre, Kjell Magne Bondevik, est un pasteur luthérien.

La Suède connaît la séparation Eglise-Etat depuis deux ans

Le rapport de la commission d’Eglise est publié deux ans après la séparation de l’Eglise et de l’Etat en Suède, où se trouve la plus grande Eglise luthérienne du monde. Dag Stange, responsable de l’information de l’Eglise de Norvège, a précisé au correspondant de l’agence de presse ?cuménique ENI à Genève que l’exemple suédois a d’ailleurs été étudié par la commission. La Commission Eglise-Etat préfère parler d’un «relâchement» des relations entre l’Eglise et l’Etat plutôt que d’une séparation entre les deux institutions.

La Commission a proposé qu’une cotisation soit introduite pour financer l’Eglise de Norvège. Actuellement, l’Eglise reçoit son revenu des contributions publiques décidées par les politiciens au sein des conseils municipaux et du Parlement.

Le problème des relations entre l’Eglise et l’Etat fait l’objet d’un débat depuis longtemps, a rappelé Dag Stange, débat qui a été ravivé lorsqu’une commission nommée en 1975 par les politiques a réclamé la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La proposition avait alors semblé trop radicale, et les réformes introduites plus tard ont façonné la structure actuelle de l’Eglise, qui peut être considérée comme un compromis.

Le premier Synode national a eu lieu en 1984, et le gouvernement fédéral a transmis le droit de nommer les pasteurs aux conseils diocésains en 1989. Alors que dans les années 70 le débat sur l’Eglise et l’Etat portait surtout sur les questions de principes, il a pris aujourd’hui un tour plus pragmatique, a fait observer Dag Stange.

Pour la tenue d’un référendum consultatif

Les conseils de paroisse – ils sont plus de 1’300 – ont été invités à réagir au rapport de la commission avant le début du mois de septembre. Le Synode général discutera alors des propositions présentées lors de sa réunion de novembre. Par ailleurs, l’évêque d’Oslo, Gunnar Staalsett, a demandé qu’un référendum consultatif soit tenu sur la question. C’est ce qu’indique un rapport du 8 mars du Ministère des Affaires étrangères. L’évêque d’Oslo estime en effet que l’avenir de l’Eglise établie est trop important pour que la décision soit laissée seulement aux instances gouvernantes de l’Eglise et aux partis politiques.

Sur une population totale de 4,5 millions d’habitants, l’Eglise pentecôtiste (46’000 membres), et l’Eglise catholique romaine (42’000 membres) sont les plus grandes Eglises non luthériennes. Les groupes non chrétiens sont les humanistes (68’000 membres) et les musulmans (56’000 membres).

Une société de plus en plus multiconfessionnelle

La nature de plus en plus multiconfessionnelle de la société norvégienne, en particulier dans les zones urbaines, est devenue un sujet d’actualité. Il y a deux ans, les musulmans de la capitale ont obtenu le droit de transmettre les appels à la prière du vendredi par haut-parleur. La Société norvégienne des païens a aussi obtenu le droit de transmettre des appels une fois par semaine, du haut d’un toit, parmi lesquels «Dieu n’existe pas». Avant cela, le seul appel à la prière légal en Norvège était la sonnerie des cloches des églises. (apic/eni/be)

24 mars 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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