Sénégal: Tension croissante entre les populations et les évangélistes

Nouvelle destruction d’un temple des Témoins de Jéhovah

Dakar, 27 juin 2011 (Apic) Des populations en furie, du quartier populaire de Yoff, dans la banlieue ouest de Dakar, ont saccagé, puis incendié dimanche 26 juin un temple des «Témoins de Jéhovah». Ils accusent ses responsables de détourner et de manipuler les jeunes du quartier, et de causer des nuisances sonores pendant leurs prières.

Ce nouvel incident illustre les relations tendues entre les Sénégalais et les Témoins de Jéhovah, accusés de mener une campagne de recrutement au sein des populations musulmanes, jusque dans des domiciles privés. Déjà, en septembre 2010, des populations en colère des Parcelles assainies, dans la banlieue nord-ouest de Dakar, avaient détruit un temple de la communauté. En mars dernier, des habitants de Keur Massar, dans la banlieue nord-est, avaient fait de même. Dans les trois cas, les raisons évoquées sont les mêmes: détournement et manipulation des jeunes pour les amener à quitter l’Islam au profit des Témoins de Jéhovah.

Agacée par le prosélytisme de cette secte chrétienne, la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal (LIPS), composée de plus d’un millier de responsables et guides religieux musulmans du pays, a lancé en avril une croisade contre elle. Pour les dirigeants de la LIPS, les Témoins de Jéhovah utilisent, dans leurs démarches, des «méthodes païennes» et des moyens financiers énormes pour attirer les jeunes et les filles, en particulier. Dans leurs recherches de nouveaux adeptes, ils emploient des moyens «non conventionnels, dangereux et pernicieux sous-tendus par une violation flagrante de l’intimité familiale».

L’attaque de dimanche a eu lieu pendant que des fidèles suivaient un office religieux. Les habitant de Yoff avaient envisagé d’organiser une marcher de protestation contre l’implantation du temple dans leur quartier, mais le sous-préfet avait interdit cette manifestation.

Le ministre entend garantir la liberté de culte

Aussitôt après le saccage du temple, Ousmane Ngom, ministre sénégalais de l’Intérieur, en charge des cultes, a condamné cette destruction. «C’est inacceptable. La liberté de culte est garantie au Sénégal par les lois et règlements en vigueur. Par conséquent, il n’est donné à personne de s’attaquer au culte de qui que ce soit», a-t-il déclaré. Même si la présence des évangélistes comporte des nuisances, le Sénégal est un Etat de droit, et c’est à cet Etat de prendre des mesures contre ces nuisances sonores ou d’autres actions non-conformes aux us et coutumes du pays.

Le ministre a ajouté que le gouvernement prendra des dispositions nécessaires pour mettre un terme à la destruction de lieux de culte, notant que personne n’est autorisé à se faire justice soi-même. (apic/ibc/mp)

27 juin 2011 | 14:37
par webmaster@kath.ch
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