Le pape exhorte les chrétiens au pardon réciproque

Le pape François a demandé «pardon» pour les «comportements non évangéliques» de catholiques à l’égard des chrétiens d’autres confessions, le 25 janvier 2016 en fin d’après-midi. Célébrant les vêpres dans la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-murs, au terme de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le pape a aussi encouragé les catholiques, à l’occasion du Jubilé de la miséricorde, à accepter le pardon des autres chrétiens.

Au soir de la fête de la conversion de saint Paul, le pape a expliqué qu’il ne pouvait y avoir de «recherche authentique de l’unité des chrétiens sans compter pleinement sur la miséricorde du Père». «Demandons surtout pardon pour le péché de nos divisions, qui sont une blessure ouverte dans le corps du Christ», a-t-il alors encouragé. Au début de la célébration, sur l’hymne du Jubilé de la miséricorde, le pape François avait franchi la Porte sainte de la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, entouré d’un représentant du Patriarcat œcuménique de Constantinople, et d’un représentant de l’Eglise anglicane. Un geste, a ensuite expliqué le pape, qui rappelle «que l’unique porte qui nous c onduit au salut est Jésus Christ notre Seigneur, le visage miséricordieux du Père».

«Comme évêque de Rome et pasteur de l’Eglise catholique, a-t-il poursuivi, je veux invoquer la miséricorde et le pardon pour les comportements non évangéliques de catholiques à l’encontre des chrétiens d’autres Eglises». Dans le même temps, le pape a aussi invité «tous les frères et sœurs catholiques à pardonner si, aujourd’hui ou dans le passé, ils ont subi des offenses d’autres chrétiens.» Si «on ne peut effacer ce qu’il s’est passé», a-t-il reconnu, «le poids des culpabilités passées» ne doit pas continuer à «polluer nos rapports». Et de conclure : «la miséricorde de Dieu rénovera nos relations».

Une nouvelle fois, le pape François a aussi fait référence à «l’œcuménisme du sang», assurant que la prière pour l’unité des chrétiens était soutenue par «l’intercession des martyrs chrétiens d’hier et d’aujourd’hui».

Les demandes de pardon de Paul VI et de Jean-Paul II

Cette demande de pardon du pape François aux autres confessions chrétiennes n’est pas nouvelle. Au lendemain de sa rencontre œcuménique avec le patriarche Bartholomée 1er en Terre sainte, en mai 2014, il avait demandé «pardon» pour la «division» et pour les «blessures» infligées aux «autres frères». De même, lors d’une rencontre avec les membres de la Commission luthérano-catholique pour l’unité, en octobre 2013, il avait encouragé catholiques et luthériens à «se demander pardon pour le mal qu’ils se sont mutuellement causé».

Mais c’est Paul VI qui, le premier, formula une demande de pardon en ce sens, lors du discours d’ouverture du Concile Vatican II, le 29 septembre 1963, demandant «pardon à Dieu (…) et aux frères séparés» d’Orient qui se sentiraient offensés «par nous». Puis, lors du Jubilé de l’an 2000, Jean-Paul II lança une Journée du pardon, le 12 mars, premier dimanche de Carême. Dans son homélie, il avait alors demandé pardon «pour les divisions qui sont intervenues parmi les chrétiens, pour la violence à laquelle certains d’entre eux ont eu recours». Une démarche renouvelée le 4 mai 2001, lors de sa visite au Patriarcat orthodoxe d’Athènes. (cath.ch-apic/imedia/bl/pp)