Les violences sexuelles contre les femmes en augmentation

Pakistan: 20 femmes sont violées, tuées ou se suicident chaque jour en raison d’abus

Islamabad, 10 mars 2008 (Apic) Près de 20 femmes par jour sont violées, tuées ou se suicident au Pakistan, victimes de violences sexuelles. Les violences contre les femmes ont beaucoup augmenté dans ce pays musulman en 2007, selon le rapport du «Madadgar Research and Database Centre». Le Centre de recherche a relevé 7’870 cas de violences sexuelles contre des femmes, qui se sont terminées par un homicide, un suicide ou l’application des «ordonnances Hudood» basées sur la charia, la loi islamique.

Selon ces ordonnances islamiques, la femme victime de violences sexuelles peut être accusée d’adultère et emprisonnée si elle n’arrive pas à prouver qu’elle a été violée. Pour ce faire, elle doit faire comparaître devant le tribunal quatre témoins mâles qui corroborent sa version des faits. En 2006, le nombre de cas de violences s’élevait à 7’564.

Firdous Chaudhry, coordinatrice de l’Organisation des femmes catholiques pakistanaise (PCWO), met en cause en premier lieu les autorités publiques, qui ne font pas assez pour combattre ces phénomènes de violence contre les femmes pakistanaises. «Les femmes chrétiennes au Pakistan sont discriminées à trois niveaux: parce qu’elles font partie d’une minorité religieuse, d’une société peu développée et en tant que femmes», ajoute-t-elle. C’est la raison pour laquelle la PCWO travaille à rendre les femmes plus conscientes de leurs droits et à fournir une aide légale et sociale aux victimes de violences.

«Les femmes qui sont le plus à risques, explique Jasmine Joseph, secrétaire de la Caritas de Faisalabad, sont celles qui travaillent et les domestiques». A part le fait qu’elles ne reçoivent que de bas salaires, elles sont aussi sujettes aux abus sexuels; elles doivent souvent supporter ces atteintes à leur intégrité pour ne pas perdre leur travail.

L’avocate chrétienne Shazia Naz confirme que les femmes sont encore actuellement discriminées sur leur lieu de travail et tuées au nom du «soi-disant honneur». L’avocate affirme que les amendements aux «ordonnances Hudood» sont seulement de la «cosmétique». La loi de 2006 sur la Protection de la femme n’a pas non plus apporté d’améliorations effectives. Dans les tribunaux, le témoignage d’une femme est encore considéré comme valant la moitié de celui d’un homme, déplore-t-elle. JB

Encadré

En Afghanistan, la situation des femmes se détériore aussi

Selon l’Onu, en une année, les violences contre les femmes à Kaboul – notamment les abus sexuels – ont quasiment doublé. Mais la situation la plus dramatique frappe les femmes enceintes, qui doivent faire face aux carences sanitaires, et qui bénéficient d’une assistance minimale durant la grossesse et l’accouchement. L’agence de presse catholique italienne AsiaNews rapporte que de mars de l’année dernière à aujourd’hui, les violences contre les femmes ont augmenté de 40% en Afghanistan. La Commission indépendante afghane pour les droits humains (AIHRC) souligne que dans de vastes régions du pays, la sécurité a diminué, tandis qu’augmente le sentiment d’impunité de ceux qui commettent des crimes.

Ces derniers profitent de la faiblesse des institutions publiques et de la grande pauvreté. Mais elle relève également des causes culturelles, comme le mariage forcé. Les données fournies par l’oeuvre d’entraide britannique «Womankind Worldwide» montrent que 80% des femmes afghanes subissent des violences domestiques, tandis que le 60% des mariages sont des unions forcées. La moitié des filles sont mariées avant leurs 16 ans.

Suraya Subhrang, membre de l’AIHRC, déplore que «malgré 6 années de rhétorique internationale sur l’émancipation des femmes afghanes, des millions de femmes n’ont vu aucun changement effectif dans leur vie quotidienne». En Afghanistan aussi, le suicide chez les femmes est en nette augmentation. (apic/asian/be)

10 mars 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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