Vers une interprétation plus rigide de la sharia ?

Pakistan : crainte des catholiques après la mort de Zia ul-Haq (210888)

Islamabad, 21août(APIC/CIP) Après la mort mercredi dernier de l’homme

fort du Pakistan, le général Mohammed Zia ul-Haq, la petite minorité catholique du pays craint que ses successeurs n’adoptent une interprétation plus

rigide de la «sharia», la loi islamique, menaçant ainsi sa présence dans ce

pays à l’islam militant.

La mort du dictateur pakistanais place le Pakistan devant une série

d’incertitudes, pas seulement sur le plan politique, mais aussi sur le plan

religieux. Zia ul-Haq, qui a annoncé l’instauration avec effet immédiat de

la «sharia», avait en même temps garanti le respect des minorités religieuses. La «sharia» prévoit l’application des principes du Coran dans tous les

secteurs de la vie sociale et politique. Le général Zia avait cependant tenu à rassurer les minorités religieuses telles que les hindous (1,3 % de la

population) et les chrétiens (1,4 %, soit plus d’un million) en affirmant

que leurs droits seraient respectés.

Tristesse chez les chrétiens

Dans une interview accordée à Radio Vatican, le Père Lawrence Saldanha,

porte-parole de l’Eglise catholique au Pakistan, relève qu’il y a pour le

moment une atmosphère de stupeur, de désappointement et de tristesse parmi

la population. «Nous chrétiens, affirme-t-il, éprouvons de la tristesse

pour la mort du président, parce que le président Zia, malgré son vaillant

soutien à la religion et à la loi islamiques, a toujours été loyal et équilibré dans son attitude envers les minorités et les chrétiens; il n’a jamais montré d’animosité à leur égard».

Le P. Saldanha ajoute que quand le chef de l’Eglise catholique a fait

remarquer que les chrétiens s’inquiétaient de la proclamation de la religion musulmane comme religion d’Etat, le président répondait qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter, vu qu’il était là. Il affirmait qu’il

garantirait que la «sharia» ne serait pas interprétée de manière déloyale

et restrictive envers les chrétiens. Et en effet, le décret qui fait de l’islam la religion d’Etat au Pakistan, relève le Père Saldanha, prévoit

qu’il n’y aura pas de discriminations injustes envers les minorités. «Maintenant, dit-il, nous sommes préoccupés et inquiets parce que le président

Zia n’est plus; la loi pourrait être appliquée à la lettre contre nous et

tout dépendra de qui interprètera la loi». (apic/jt/be)

21 août 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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