Un attentat à la grenade contre un hôpital chrétien fait 4 morts

Pakistan: Nouvel attentat terroriste contre une institution chrétienne

Islamabad, 9 août 2002 (APIC) Un nouvel attentat terroriste contre une institution chrétienne au Pakistan, attribué à des militants islamiques, a fait 4 morts et une vingtaine de blessés vendredi 9 août. L’attaque visait l’hôpital chrétien de Taxila, à quelque 20 km à l’ouest d’Islamabad. Lundi, lors du mitraillage de l’école chrétienne de Murree, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de la capitale pakistanaise, six personnes avaient trouvé la mort.

Trois assaillants ont fait irruption dans l’établissement et se sont affrontés avec les gardes en faction avant de lancer des grenades contre les membres du personnel sortant de la chapelle de l’hôpital après un service religieux. Trois des quatre morts sont des infirmières pakistanaises et il n’y a aucun étranger parmi les victimes.

L’intervention américaine a radicalisé la situation

Après l’annonce de la «croisade» antiterroriste du président Bush suite aux attentats du 11 septembre, l’Eglise catholique au Pakistan avait annoncé qu’elle se trouvait désormais très exposée, les attaques américaines contre l’Afghanistan ayant radicalisé une situation déjà volatile. La violence contre la petite minorité chrétienne pakistanaise est son «pain quotidien», pourtant sa situation s’est brutalement aggravée, car les fondamentalistes accusent désormais les chrétiens d’être financés par les Etats-Unis.

Le 5 août, des militants masqués ont attaqué une école chrétienne accueillant des élèves étrangers à Murree, à 40 km au nord-est de la capitale pakistanaise. Six Pakistanais sont tombés sous les balles des tueurs, mais aucun élève n’a été blessé grâce à la résistance opposée par les gardes. Les terroristes avaient l’intention de mitrailler les étudiants en classe. Le directeur australien de l’école, Russel Morton, a salué la solidarité des voisins musulmans et des autorités à l’occasion de ce drame.

Les élèves, originaires notamment d’Australie, Nouvelle-Zélande, Corée, Allemagne, Finlande, Suède, Grande-Bretagne, Etats-Unis et Philippines, vivent avec leurs parents dans l’enceinte de l’école, qui bénéficie d’une surveillance renforcée depuis le 11 septembre.

Mardi 6 août, le ministre pakistanais de l’Information, Nissar Memon, a dénoncé le «lâche acte de terrorisme» perpétré par des militants opposés au soutien du Pakistan à la coalition internationale contre le terrorisme. JB

Encadré

La liste des attentats s’allonge

Le premier de cette série d’actes de violence qui s’allonge tous les jours a été l’attaque au lendemain des premiers bombardements américains de l’Afghanistan, de l’église catholique Saint-Dominique à Bahawalpur, dans la province du Punjab. 16 fidèles chrétiens, qui assistaient à un culte protestant le dimanche 28 octobre 2001, ont été tués lors du mitraillage du lieu de culte chrétien.

Le 23 janvier de cette année, le journaliste américain Daniel Pearl était enlevé à Karachi, puis assassiné. Le 17 mars, un attentat à la grenade contre une église protestante dans l’enclave diplomatique d’Islamabad a fait cinq morts, dont deux Américaines. Des attentats à la voiture piégée ont ensanglanté Karachi: le 8 mai, 11 Français et trois Pakistanais trouvaient la mort, tandis que le 14 juin, 12 Pakistanais étaient tués devant le consulat des Etats-Unis. JB

Encadré

Attentats contre la minorité chrétienne, une guerre annoncée

Directeur de la Commission nationale «Justice et Paix» de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan à Faisalabad, le Père Khalid Rashid Asi affirmait dès septembre dernier à l’APIC que les chrétiens du pays vivaient désormais dans la peur. Solidaires de l’Afghanistan, les fondamentalistes, qui les considèrent comme des «étrangers», les avaient menacés de mort en cas d’attaque contre le pays voisin. Ils ont entre-temps mis leurs menaces à exécution.

Pour éviter le pire, l’Eglise pakistanaise, au lendemain des attaques terroristes contre le World Trade Center, a réactivé les commissions de dialogue entre chrétiens et musulmans sous l’égide de l’évêque de Faisalabad, Mgr Joseph Coutts. Les évêques catholiques et les autres leaders chrétiens (ils représentent 5% des 148 millions de Pakistanais) avaient immédiatement condamné les attentats terroristes visant les Etats- Unis.

Si les leaders musulmans modérés dénoncent également les attaques terroristes, les extrémistes ont annoncé dès septembre dernier leur intention de brûler des églises, les écoles et les hôpitaux chrétiens en cas d’attaque américaine ou de participation de leur gouvernement à la chasse à Oussama Ben Laden. Depuis, la police pakistanaise a renforcé la surveillance des édifices religieux chrétiens, mais n’a pu empêcher une série d’attaques sanglantes contre les institutions qui symbolisent «l’étranger» et «l’infidèle». (apic/bbc/cnn/be)

9 août 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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