Il a quitté volontairement la nonciature
Panama : Noriega s’est rendu aux Américains (0401290)
Panama, 4janvier(APIC) Malgré le couvre-feu imposé par les troupes d’occupation américaines, des milliers de Panaméens sont descendus la nuit
dernière dans la rue pour manifester leur joie à l’annonce de la reddition
du général Manuel Antonio Noriega. Embarqué à bord d’un avion militaire
américain qui l’a emmené durant la nuit aux Etats-Unis, Noriega a été présenté jeudi à la justice américaine à Miami, en Floride, où il doit être
inculpé pour trafic de drogue. L’ex-dictateur panaméen a quitté mercredi
soir de son propre chef la nonciature apostolique de Panama, où il avait
cherché refuge la veille de Noël, causant une certaine tension diplomatique
entre les Etats-Unis et le Vatican.
Le général Noriega, après avoir «soigneusement examiné sa situation»,
selon un communiqué de la nonciature, a quitté le bâtiment cerné depuis la
veille de Noël par les soldats américains. D’après le Commandement Sud des
forces américaines à Panama, il a été emmené, accompagné du nonce
apostolique, Mgr José Sebastian Laboa, et de l’envoyé spécial du Vatican,
Mgr Giacinto Berloco, à la base militaire américaine d’Howard. C’est là
qu’il a été formellement appréhendé par des fonctionnaires de la DEA,
l’administration américaine chargée de la lutte antidrogue.
Le Vatican avait déploré les pressions américaines pour obtenir le départ de Noriega de la nonciature, et rappelé qu’»un pouvoir d’occupation ne
peut interférer dans le travail d’une mission diplomatique, ni demander que
la personne qui a demandé l’asile politique soit livrée». «Il n’y a pas de
conflit entre les Etats-Unis et le Vatican», avait cependant souligné le 29
décembre dernier Joaquin Navarro Valls, porte-parole du Saint-Siège. «La
décision de donner un asile diplomatique temporaire à Noriega a été une décision de conscience du nonce apostolique et elle a été prise pour des raisons urgentes et sérieuses. Il a agi pour le bien du Panama dans l’intention d’amener une solution au conflit et d’épargner ainsi des vies humaines».
Il est vrai que l’intervention militaire américaine – condamnée dans
plusieurs enceintes internationales comme violation du droit international
– a fait 23 morts et 322 blessés chez les soldats américains et 297 morts
et 123 blessés chez les soldats panaméens, sans compter des pertes plus importantes encore dans la population civile et les importantes destructions
matérielles causées par les bombardements.
Le président panaméen Guillermo Endara a déclaré que la capture de Noriega était une «nuit glorieuse» dans l’histoire du Panama et que le pays
«vit désormais tranquille puisque le monstre a finalement quitté le pays».
Le président américain George Bush, qui avait donné l’ordre d’envahir Panama le 20 décembre dernier, a qualifié de «remarquable» la diplomatie vaticane et affirmé avoir atteint le dernier but de son action au Panama, à savoir l’arrestation de Noriega pour le présenter à la justice. Ce dernier,
contre lequel la justice américaine a lancé un mandat d’arrêt en février
1988 pour trafic de drogue et blanchiment d’argent sale, risque, s’il est
reconnu coupable, jusqu’à 145 ans de prison et une amende de plus d’un million de dollars. (apic/kna/be)