Le pape encourage la Civiltà Cattolica à faire preuve d'imagination

Le pape François a reçu la communauté jésuite de la revue bimensuelle La Civiltà Cattolica à l’occasion de la publication de son 4000e numéro. Le pontife lui a donné trois ‘patrons’ jésuites, saint Pierre Favre (1506-1546), le Père Matteo Ricci (1522-1610) et Andrea Pozzo (1642-1709), trois figures «à suivre du regard pour aller de l’avant».

«Votre cœur a-t-il conservé l’inquiétude de la recherche?», a interrogé le pontife, encourageant ainsi les collaborateurs de la revue à s’inspirer de saint Pierre Favre. Compagnon d’Ignace de Loyola avec qui il fonda la Compagnie de Jésus, était un «homme de grands désirs» et un «esprit inquiet, jamais satisfait», a déclaré le pape qui l’a canonisé en décembre 2013.

Chez ce saint, a souligné le pontife, le «vrai esprit qui suscite l’action» se manifeste quand apparaissent les difficultés. Le successeur de Pierre a ainsi incité la rédaction de La Civiltà Cattolica à toujours s’interroger à l’école de saint Pierre Favre: «avons-nous de grandes visions? Sommes-nous audacieux? Ou au contraire sommes-nous médiocres, et nous contentons-nous de réflexions de laboratoires?».

Quand le pape cite Baudelaire

Le pontife a ensuite donné comme figure de référence le Père Matteo Ricci, un des premiers missionnaires à être entré en Chine. Sa cause de béatification est actuellement étudiée à Rome par la Congrégation des causes des saints.

Ce jésuite est notamment connu pour avoir dévoilé à l’empereur chinois une mappemonde sur laquelle son empire ne figurait pas au centre. Ainsi le peuple chinois pouvait se voir «dans une forme nouvelle» et découvrir «de nombreuses terres lointaines», a expliqué le pape.

«Avec vos articles, a-t-il poursuivi, vous aussi êtes appelés à composer une ‘mappemonde’». Pour le pape, cela revient à transmettre ce que signifie précisément la ‘civiltà cattolica’ (civilisation catholique) et enseigner aux catholiques que Dieu «est à l’œuvre aussi au-delà des confins de l’Eglise».

Le pape a enfin encouragé la rédaction de la revue à faire preuve d’imagination, et pour cela à se référer au Frère Andrea Pozzo, jésuite laïc et peintre italien. Il était notamment réputé pour sa maîtrise de la perspective en peinture et en architecture. Avec son imagination, a observé le pape, le Frère Pozzo créait «des espaces ouverts, des coupoles et des couloirs, là où il n’y a que toits et murs».

Le pape François a ainsi conclu en récitant en français des vers du poète Charles Baudelaire décrivant la peinture de Rubens: ‘la vie afflue et s’agite sans cesse / Comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer’. «Oui, la vie est fluide et s’agite sans cesse». La pensée de l’Eglise doit par conséquent faire preuve de «génie» pour comprendre que la vie n’est pas un «tableau en noir et blanc» mais en couleur. (cath.ch/imedia/ah/pp)