Amoris Laetitia, (La joie de l'amour), l'encyclique du pape François sur la famille.
Vatican

Le pape François valide une interprétation détaillée d’Amoris Laetitia

Pour la première fois, le pape François a validé une interprétation détaillée du chapitre VIII de son exhortation apostolique Amoris Laetitia, consacré à l’accès aux sacrements pour les personnes en situation dite «irrégulière», dont les divorcés-remariés, rapporte L’Osservatore Romano, le quotidien du Saint-Siège dans son édition du 12-13 septembre 2016.

Cette interprétation est celle de plusieurs évêques argentins de la région de Buenos Aires, qui ont envoyé aux prêtres de leurs diocèses, ainsi qu’au pape, un document contenant des «critères fondamentaux» pour «l’application du chapitre VIII dAmoris Laetitia«.

Document des évêques argentins

«En exprimant son appréciation pour le texte élaboré par les prélats, le pontife a souligné combien il manifestait la plénitude du sens du chapitre VIII de l’exhortation apostolique», rapporte ainsi L’Osservatore Romano. Le document des évêques argentins, a assuré le pape dans une lettre de réponse aux évêques argentins, «fera beaucoup de bien».

Ce document détaillé rappelle tout d’abord qu’il ne convient pas de parler de «permis» pour accéder aux sacrements, mais plus «d’un processus de discernement accompagné par un pasteur». Cet itinéraire du «pénitent», avertissent les prélats, ne se termine pas nécessairement par l’accès aux sacrements, mais peut s’orienter vers d’autres formes d’intégration dans la vie de l’Eglise: la participation à des groupes de prière ou de réflexion, l’engagement dans divers services paroissiaux, etc.

«Engagement à vivre dans la continence»

Les évêques proposent alors plusieurs formes d’accompagnement personnalisé, en fonction du profil des pénitents et du contexte dans lequel ils sont amenés à entreprendre cette démarche de pénitence. «Quand les circonstances concrètes d’un couple le rendent réalisables, spécialement s’ils sont chrétiens avec un chemin de foi, peut-on lire dans le document, on peut proposer l’engagement à vivre dans la continence».

Une proposition déjà formulée par Jean Paul II dans son exhortation apostolique Familiaris Consortio (1980), d’ailleurs citée par le pape François dans Amoris Laetitia. Mais les prélats ajoutent qu’Amoris Laetitia «n’ignore pas les difficultés de cette option et laisse ouverte la possibilité d’accéder au sacrement de la réconciliation quand on manque à cette proposition».

Pas d’accès «illimité» aux sacrements

Il est alors possible de faire un «chemin de discernement», poursuivent les évêques. Arrive alors le passage le plus intéressant du document: «Si l’on arrive à reconnaître que, dans un cas concret, il y a des limites qui atténuent la responsabilité et la culpabilité, particulièrement quand une personne considère qu’elle tomberait dans une faute supplémentaire en provoquant des dommages aux enfants de sa nouvelle union, Amoris Laetitia ouvre la possibilité de l’accès aux sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie». Cela permet alors à la personne de «continuer à mûrir et à grandir avec la force de la grâce», commente L’Osservatore Romano, qui consacre un long article à ce sujet.

Le document argentin souligne d’emblée qu’il faut cependant éviter de comprendre cette possibilité comme «un accès illimité aux sacrements, ou comme si toute situation le justifiait». Il s’agit davantage, expliquent les prélats, d’un discernement qui «distingue de manière adéquate chaque cas».

Examen de conscience nécessaire

Les évêques réclament une attention particulière et davantage de rigueur concernant les unions issues d’un divorce récent, ou une personne qui s’est éloignée de ses obligations familiales, ou encore vis-à-vis d’une autre qui ferait «une sorte d’apologie ou ostentation de sa propre situation, comme si elle faisait partie de l’idéal chrétien». Dans ces cas, «l’examen de conscience» est d’autant plus nécessaire. Dans tous les cas, si des «injustices demeurent, l’accès aux sacrements est particulièrement scandaleux», insistent-ils.

Les évêques concluent par une ultime recommandation: «Il peut être intéressant qu’un éventuel accès aux sacrements se réalise de manière confidentielle, surtout quand on prévoit des situations de conflit». En même temps, il s’agit d’inciter la communauté à «grandir dans un esprit de compréhension et d’accueil», sans «créer des confusions dans l’enseignement de l’Eglise concernant le mariage indissoluble».

Enfin, les évêques rappellent que le discernement ne s’arrête jamais et doit «toujours rester ouvert à des nouvelles étapes de croissance et de nouvelles décisions qui permettent de réaliser l’idéal plus pleinement». (cath.ch-apic/imedia/bl/be)

Amoris Laetitia, (La joie de l'amour), l'encyclique du pape François sur la famille.
13 septembre 2016 | 08:32
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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