La répression, les tortures et les assassinats d’un triste régime

Paraguay: Le président Lugo demande pardon pour les victimes de la dictature Stroessner

Asunción, 29 août 2008 (Apic) Le président du Paraguay, Ferdinando Lugo, a demandé pardon au nom de l’État aux victimes de la dictature du général Alfredo Stroessner, au cours de la présentation jeudi soir, à Asunción, d’un rapport sur la répression politique de 1954 à 1989.

En un millier de pages, la Commission «Justice et Vérité» a recueilli 2’130 témoignages de tortures, assassinats, enlèvement et exécutions sommaires.

Selon les estimations de l’organisme, instauré il y a cinq ans et présidé par l’évêque Mario Melanio Medina, les victimes directes et indirectes de la dictature d’Alfredo Stroessner se seraient élevées à 128’076, les détentions arbitraires à 19’682, les personnes disparues à 337 et les exécutions sans procès à 59.

La répression – peut-on lire dans le rapport – a connu son apogée dans les années 1960 et 1970, marquées par une vaste offensive contre les communautés paysannes et les mouvements de l’opposition. Selon les auteurs du rapport, la torture a représenté le meilleur moyen de contrôle social utilisé par le régime militaire.

Justice

Dans l’un des cinq chapitres du rapport, les auteurs présumés des violations sont indiqués par leurs nom et prénom et la Commission espère que les témoignages recueillis permettront de poursuivre pénalement les coupables. Devant les protagonistes de la lutte contre la dictature militaire et les délégués de nombreuses organisations et mouvements sociaux, le président Lugo, ex-évêque de San Pedro, a affirmé qu’une ère de justice était sur le point de commencer. Une importante contribution pourrait provenir du nouveau «secrétariat national des droits de l’homme», un organisme chargé de poursuivre les enquêtes ouvertes en 2003.

Les gouvernements d’Alfredo Stroessner avaient été soutenus par le Parti Colorado, une formation conservatrice contrainte à l’opposition pour la première fois en plus de 60 ans après la victoire de l’»évêque rouge» aux élections d’avril. «Pour que la dictature ne revienne jamais, a-t-on commenté à l’issue de la présentation du rapport, il faut que les gens sachent et n’oublient pas».

L’ancien évêque de San Pedro, aujourd’hui président du Paraguay, a reçu sa dispense pontificale afin de pouvoir exercer sa nouvelle charge politique. (apic/misna/pr)

29 août 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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