Qu’est-ce qu’un synode ?

Paris: 7e Congrès international de droit canonique (240990)

Paris, 24septembre(APIC) Le droit canon, une discipline qui fait peur au

simple chrétien. Et pourtant 400 canonistes du monde entier vont se poser

des questions d’une brûlante actualité: qu’est-ce qu’un synode ? Patrick

Valdrin, doyen de la Faculté de droit canonique de Paris et auteur d’un article publié par l’hébdomadaire «Paris Notre Dame», est l’un des intervenants du 7e Congrès international de droit canonique qui se tient à l’Unesco du 22 au 28 septembre à Paris.

Le thème de la synodalité vient de trouver un intérêt nouveau en France

avec la multiplicité des synodes diocésains. Pourtant la pratique synodale

est ancienne dans l’Eglise. Elle remonte aux premiers siècles où les évêques se sont réunis pour résoudre des problèmes en commun. Derrière la nécessité de cette concertation, on a vite compris qu’il s’agissait de la

réalisation d’un principe constitutif de l’organisation de l’Eglise. C’est

pourquoi, aujourd’hui encore, à propos des institutions ecclésiales traditionnelles et récentes, les nombreuses questions qui se posent, tant aux

responsables qu’aux fidèles eux-mêmes, dépassent le domaine purement procédural ou strictement institutionnel. Elles concernent d’une manière générale les principes mêmes de l’organisation de l’Eglise, principes ecclésiologiques et théologiques que le droit réalise et protège. On l’a dit pour les

synodes diocésains: pour beaucoup ils sont une «école des ministères» parce

qu’ils exigent de la part des fidèles de comprendre ce qu’est l’Eglise.

Le congrès de droit canonique qu’organise la Faculté de droit canonique

de Paris propose de faire émerger ces principes d’organisation, grâce à une

étude systématique des institutions de l’Eglise où sont mises en oeuvre,

d’une manière organique, le devoir et le droit de tous de participer à

l’édification du Corps du Christ. Ces institutions sont connues: la plus

solennelle d’abord, le «Concile oecuménique», qui donne forme et efficacité

juridique à la collégialité des évêques autour du primat; la plus actuelle

ensuite, le «Synode des évêques», qui aide le pape à exercer sa charge de

pasteur de l’Eglise universelle; la plus controversée, la «Conférence des

évêques» dont on cherche aujourd’hui à définir le statut théologique et son

rôle dans la fonction d’enseignement; les plus oubliés, les «Conciles particuliers» qui ont pourtant joué un grand rôle dans l’histoire; la plus

proche des fidèles d’un diocèse, le «Synode diocésain»; et enfin, celles

qui relèvent aussi de la synodalité, les «conseils» au niveau diocésain.

La synodalité, un principe incontournable

Ces institutions sont très différentes et ne peuvent être réduites l’une

à l’autre. Toutes elles organisent la participation mais en tenant compte

du statut des personnes défini surtout sacramentellement. On sait quelle

vigueur a apportée le Concile Vatican II à la vie de l’Eglise en rééquilibrant d’une manière solennelle l’ecclésiologie du XVIIIe siècle, ecclésiologie juridique, hiérarchisée et cléricale. Il a revalorisé la participation, reçue dans le baptême, aux grandes fonctions que le Christ a confiées

à l’Eglise: enseignement, sanctification et rassemblement de l’humanité.

Cette participation trouve une institutionnalisation dans les structures

synodales citées plus haut, mais elle s’exerce toujours dans un lien essentiel au ministère épiscopal dont la synodalité est une dimension constitutive de l’exercice.

Le congrès devrait permettre de cerner les éléments constitutifs de la

synodalité. On admettra qu’elle s’inscrit dans la logique de la structuration hiérarchique de l’Eglise. Mais comment, aujourd’hui, peut-elle être

mise en oeuvre de telle sorte qu’elle réponde aux aspirations des fidèles

tout en correspondant à l’être profond de l’Eglise ? D’ores et déjà, on

peut dire que la synodalité apparaît comme un principe incontournable de

l’organisation de l’Eglise parce qu’il fonde celle-ci sur un élément spécifique de l’Eglise, le fait d’être une «communio ecclesiarum» ou communion

d’Eglises particulières (diocèses), rassemblées autour des évêques en communion hiérarchique avec le primat de l’Eglise. Toutes les structures de

participation de l’Eglise ont pour but d’exprimer et de renforcer la communion de l’Eglise pour remplir la charge missionnaire que le Christ lui a

confiée, communion des évêques avec le pape, communion des prêtres, communion des fidèles de tout statut, etc… C’est ce point qu’il faut creuser

et développer pour voir en quoi il peut rendre légitime une organisation

ecclésiale spécifique. (apic/pnd/gar)

24 septembre 1990 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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