Paris: décès de Jean Goss, l’apôtre de la non-violence évangélique (040491)

Paris, 4avril(APIC) Le militant pacifiste Jean Goss est décédé subitement

à son domicile parisien dans la nuit du 2 au 3 avril des suites d’un malaise cardiaque. L’ancien président du Mouvement international de la réconciliation (MIR), âgé de 78 ans, s’apprêtait à partir pour une nouvelle tournée de conférences. Une tournée qui devait le conduire pour trois semaines

à Madagascar, après celle entreprise fin février en Suisse romande. Celui

qu’on appelait l’apôtre de la non-violence évangélique s’était notamment vu

décerner, pour son action menée en compagnie de son épouse, le Prix Xirinacs en Espagne et le Prix Kreisky en Autriche.

Né à Lyon d’un père anarchiste et d’une mère chrétienne, Jean Goss fut

mis au travail dès l’âge de 12 ans et grandit dans une ambiance syndicaliste. Devenu cheminot, il fit la guerre de 1940 contre l’Allemagne nazie

et fut fait prisonnier jusqu’à la fin des hostilités. C’est dans un camp de

détention qu’un soir de Pâques cet agnostique découvrit ce qu’il nommera

par la suite «la force de la non-violence évangélique». Il s’y convertit et

devint, pour ses compagnons de captivité et même pour certains de ses gardiens les plus agressifs, un témoin efficace de ce dont il se réclamera désormais: «la puissance de l’amour et de la vérité».

Militant syndicaliste, Jean Goss s’identifie aux problèmes des laissés

pour compte. Il fait, avec certains d’entre eux, une expérience de vie

communautaire et partage les efforts des premiers prêtres ouvriers dans les

bidonvilles parisiens. Ce combat incessant pour la justice le conduit aussi

à lutter avec acharnement pour la paix et à faire campagne pour que soit

reconnue l’objection de conscience. A partir de 1949, Jean Goss se décide à

élever son niveau de lutte. Il va trouver les théologiens, les évêques, les

responsables de la curie romaine. Son objectif, qui restera le sien jusqu’à

la fin de ses jours: aider les chrétiens à redécouvrir, à la lumière de

l’Evangile, la force de la non-violence de l’amour et en témoigner dans les

conflits.

Devenu en 1958 secrétaire international du MIR, Jean Goss ouvre avec son

épouse Hildegarde le Centre Est-Ouest de rencontres à Vienne. Durant le

Concile Vatican II, le couple Goss créé à Rome un Centre de paix leur permettant de nouer de nombreux contacts avec les évêques. Dans les années qui

suivent le Concile, de nombreux évêques, prêtres et théologiens d’Amérique

latine, d’Europe et d’Asie participent avec des laïcs aux séminaires organisés par Jean et Hildegarde pour promouvoir leur action. Une action que

l’apôtre de la non-violence ira expliquer aux quatre coins du monde. Outre

de nombreux articles, Jean Goss est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont

«Une autre Révolution. Violence des non-violences» et «Evangile et luttes

pour la paix». (apic/cip/pr)

4 avril 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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