Femme de guerre condamnée par l’Inquisition et ...sainte
Paris: Fête de sainte Jeanne d’Arc (280590)
Paris 28mai(APIC) Dans quelques jours, le 30 mai, l’Eglise célébrera la
fête liturgique et le 559 ème anniversaire de la mort de Jeanne d’Arc. Comment une femme qui a pris les armes et qui a été condamnée par un tribunal
d’Eglise, a-t-elle pu être canonisée, c’est à-dire proposée en modèle à
tous les chrétiens? Le Père Xavier de Tarragon, vicaire judiciaire official
répond à cette apparente contradiction dans la revue «Paris Notre Dame».
«Il se trouve que, pour des raisons familiales, déclare le P. de Tarragon, j’ai été élevé dans le culte de Jeanne d’Arc. Mon arrière-grand-père,
en effet, était détenteur de trois lettres de Jeanne transmises pieusement,
de génération en génération, dans notre famille. Il a contribué activement
et efficacement à la béatification de la Pucelle d’Orléans, prouvant, à
partir de ces lettres et de quelques autres (cinq en tout, dont trois sont
signées), que Jeanne d’Arc est restée, jusqu’à la mort, fidèle à sa mission
et à ses voix.
Le premier aspect de la vie de Jeanne est incontestablement politique.
Sa brève intervention (deux années) dans la Guerre de Cent Ans est en effet
décisive. C’est elle qui va galvaniser la petite armée royale française,
redresser la situation militaire et faire sacrer le Dauphin à Reims, sous
le nom de Charles VII.
Mais si Jeanne était un vrai «capitaine», elle n’a jamais été guerrière.
Même hors de son procès, les Anglais n’ont pas pu lui reprocher d’avoir
frappé le moindre d’entre eux. Au contraire, c’est elle qui a été blessée
par deux fois. Chef d’armée sans doute, mais toute à sa mission qui est
service de paix, elle cherche toujours, avant toute bataille, la conciliation. Sa devise est «Dieu premier servi» et c’est en son nom, pour obéir à
ses voix, qu’elle entreprend, de Vaucouleurs à Compiègne, sa mission: «rétablir le Roi dans son Royaume». L’Eglise ne lui a pas plus reproché son
comportement «militaire» qu’elle n’a rejeté le geste d’Athalie, d’Esther et
de Judith.
Les différents procès
Jeanne a subi plusieurs procès: l’un de son vivant, en 1431, à Rouen,
qui a abouti à sa condamnation à mort et à «son assassinat légal». Le deuxième, de 1451 à 1456, qui dans la même ville de Rouen, cassait et annulait
la parodie de justice de 1431 et réhabilitait solennellement la jeune vierge lorraine. Les troisième et quatrième, enfin, qui aboutirent à sa béatification et à sa canonisation, respectivement par saint Pie X, en 1909, et
Benoît XV , en 1920, en attendant la décision du 2 mars 1922 par laquelle
le même pape la déclarait patronne secondaire de la France.
Pour le Père Xavier de Tarragon, le premier procès de Rouen est un monument d’iniquité. Le tribunal d’Inquisition présidé par l’évêque Cauchon est
aux ordres du cardinal de Winchester, oncle du roi d’Angleterre. Celui-ci
veut par to us les moyens la disqualification, le déshonneur et la mort de
cette jeune fille qui terrorise les soldats anglais. L’accusée se voit refuser tout avocat. Par toutes sortes de pressions physiques, morales et religieuses, on essaie d’obtenir d’elle le reniement de sa mission, jusqu’à
la prétendue abjuration du cimetière de Saint-Ouen, à Rouen, le 24 mai
1431, six jours avant son supplice. Le procès de réhabilitation de 1456
avait déjà reconnu officiellement l’inexistence de ce reniement de Jeanne.
Le procès de béatification fondé en partie sur l’examen de ses lettres et
de sa signature, a confirmé que si Jeanne n’avait pas signé le faux document qui «justifia» sa condamnation, c’était parce qu’elle ne l’avait pas
voulu. Elle avait en effet appris à lire et savait signer. Enfin tout appel
à Rome lui est refusé.
On comprend alors pourquoi -dès que les conditions le permirent – sa réhabilitation fut prononcée. Les actes de ce deuxième procès sont admirables: là éclate vraiment la sainteté de Jeanne. L’Eglise en a pris acte tardivement mais solennellement. La gloire de Jehanne est universelle. Et le
Père de Tarragon de conclure:» Demandons lui qu’elle préserve de toute iniquité ceux qui ont dans le monde à rendre la justice et qu’elle obtienne la
liberté de l’esprit et de l’âme que donne l’Esprit de Jésus».(apic/pnd/ba)