Paris: J.-Pierre Denis raconte comment 70 enfants juifs ont été sauvés par deux religieuses
«Nos enfants de la guerre»
Paris, 9 avril 2002 (APIC) Le journaliste français Jean-Pierre Denis a publié «Nos enfants de la guerre», un livre qui éclaire, à la croisée de deux destins (juif et chrétien) un «passé qui ne passe pas». Il a voulu comprendre pourquoi deux religieuses ont sauvé, pendant la deuxième guerre mondiale, 70 enfants juifs dont sa mère et sa tante.
Chef du service «Religion» à l’hebdomadaire catholique «La Vie», Jean- Pierre Denis est juif par sa mère, qui a été sauvée pendant la deuxième guerre mondiale par Denise Bergon et Marguerite Roques. Ces deux religieuses catholiques ont caché un groupe de 70 autres enfants à l’école de Massip, dans l’Aveyron. L’auteur de «Nos enfants de la guerre», catholique de conviction et d’éducation, a voulu comprendre pourquoi les deux femmes ont entendu la voix prophétique du cardinal Jules Saliège. L’archevêque de Toulouse, dans une lettre aux catholiques de son diocèse en août 1942, expliquait que tout n’était pas permis contre les juifs. Il s’offusquait du «spectacle accablant des membres d’une même famille séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue».
Pourquoi donc Denise Bergon et Marguerite Roques ont donné, au péril de leur vie, la préférence à cette voix marginale qui, avec quelques autres, ont sauvé l’honneur de l’Eglise, plutôt qu’au légalisme étroit de l’assemblée des cardinaux et évêques, tout acquis à l’école pétainiste? «Parce que c’était naturel. Nous n’y avons guère réfléchi», répondent en substance les deux religieuses. Surprises, au fond, que l’on s’intéresse tant à cette affaire comme elles sont surprises également que l’Etat d’Israël les ait décorées de la médaille des justes.
Ce composé de modestie et d’inébranlable résolution a fasciné Jean-Pierre Denis. Par-delà le patient travail de mémoire, il dresse le portrait de ces deux religieuses à qui, finalement, il doit la vie. Un livre qui alterne l’enquête historique, la réflexion introspective et l’interrogation profonde sur la destinée humaine. Un récit rédigé à la première personne, mais dont le «je» acquiert une pleine valeur de «nous».
(Jean-Pierre Denis «Nos enfants de la guerre», Ed. du Seuil, Paris 2002). (apic/jcn/bb)