Paris: Le docteur Xavier Dor a quitté la nonciature, où il avait demandé l’asile

Rome, 11 décembre 1997 (APIC) La demande de droit d’asile formulée par le docteur Dor n’est pas recevable, a tranché jeudi le Vatican. Le docteur Xavier Dor, inculpé par la justice française à la suite d’actions de commandos anti-avortement, a quitté jeudi la nonciature apostolique à Paris «de sa propre initiative», où il s’était réfugié mercredi, communique le Vatican.

Le Vatican considère en effet que la démarche du docteur Xavier Dor n’est pas recevable. «Il s’agit plutôt d’un cas typique d’objection de conscience», commente le Vatican, qui a réagi dans la matinée du 11 décembre par le biais d’un communiqué du directeur de la salle de presse.

A la nonciature apostolique de Paris, on se refuse à tout commentaire. On confirme toutefois que le docteur Xavier Dor est arrivé dans l’après-midi du 10 décembre, qu’il a passé la nuit dans les locaux de la nonciature, et qu’il a quitté ce lieu le 11 décembre à 9h15.

Le docteur Xavier Dor, responsable d’actions anti-avortement, risque en effet une peine de huit mois de prison ferme, requise le 9 décembre par le tribunal de Versailles. Le jugement a été mis en délibéré au 6 janvier prochain.

«Sur l’ordre du pape»

En réaction à cette requête, le docteur Dor, s’est présenté le 10 décembre à la nonciature apostolique de Paris, pour demander le «droit d’asile politique». Il a même déclaré à une radio française qu’il n’en sortirait «que sur l’ordre du pape». Selon le communiqué du Vatican, il en est sorti le 11 décembre «de sa propre décision».

Interrogé le 11 décembre sur le fait de savoir si l’objection de conscience peut dans ce cas induire une opposition politique conduisant à la demande d’asile politique, le directeur de la salle de presse du Vatican, Joachim Navarro Valls a répondu en insistant nettement sur «la distinction» entre le droit d’asile politique, et la notion d’objection de conscience. «L’objection de conscience, a-t-il souligné, se fait dans son propre pays, on ne peut pas l’invoquer dans une nonciature qui est extraterritoriale. Le seul cas possible serait de demander l’asile politique. Les heures de réflexion passées à la nonciature par M. Dor lui ont sans doute fait comprendre qu’il n’était pas dans le cas d’un asile politique. Il faut relire le paragraphe n° 73 de l’encyclique «Evangelium Vitae».

Le texte de cette encyclique indique en effet que «l’avortement et l’euthanasie sont des crimes qu’aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s’y opposer par l’objection de conscience. Dès les origines de l’Eglise, la prédication apostolique a enseigné aux chrétiens le devoir d’obéir aux pouvoirs publics légitimement constitués mais elle a donné en même temps le ferme avertissement qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes».

Le texte relate ensuite l’exemple des sages femmes des Hébreux qui s’opposèrent au pharaon qui avait ordonné de faire mourir tout nouveau né de sexe masculin. «Il faut bien voir, précise le texte, le motif profond de leur comportement : les sages femmes craignirent Dieu. Il n’y a que l’obéissance à Dieu – auquel seul est due la crainte qui constitue la reconnaissance de son absolue souveraineté – pour faire naître la force et le courage de résister aux lois injustes des hommes. Ce sont la force et le courage de ceux qui sont prêts même à aller en prison ou à être tués par l’épée, dans la certitude que cela fonde l’endurance et la confiance des saints».

En conclusion, le paragraphe du n° 73 de cette encyclique examine le cas d’un parlementaire, opposé par principe à l’avortement, mais appelé à voter une loi rectificative toujours ouverte à l’avortement pour en réduire les effets négatifs : «Dans le cas ici supposé, il est évident que lorsqu’il ne serait pas possible d’éviter ou d’abroger complètement une loi permettant l’avortement, un parlementaire, dont l’opposition personnelle absolue à l’avortement serait manifeste et connue de tous, pourrait licitement apporter son soutien à des propositions destinées à limiter les préjudices d’une telle loi et à en limiter ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique. Agissant ainsi en effet, on n’apporte pas une collaboration illicite à une loi inique; on accomplit plutôt une tentative légitime, qui est un devoir, d’en limiter les aspects injustes». (apic/imed/pr)

30 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!