Paris: Les juifs de France commémorent le Grand Sanhédrin
Un «pacte» qui remonte à Napoléon
Environ un millier de membres de la communauté juive de France se sont réunis dimanche 11 mars à l’Hôtel de Ville de Paris, pour fêter le bicentenaire du Grand Sanhédrin, convoqué par Napoléon. Une étape cruciale dans l’intégration des Juifs de France
Le dimanche 11 mars, à l’Hôtel de Ville de Paris, la communauté juive de France a voulu célébrer avec fastes le bicentenaire de la convocation du Grand Sanhédrin par Napoléon. La communauté désire ainsi montrer que le succès de l’intégration s’est mérité. En effet, afin de décider du statut à accorder aux Juifs, Napoléon convoqua en 1806 une assemblée de notables juifs. Il leur soumit une liste de 12 questions dont les réponses devaient permettre d’évaluer l’attachement des Juifs à l’Empire et la compatibilité des lois juives au droit commun. Ce «pacte» a été respecté depuis deux siècles, a rappelé Joël Mergui, président du Consistoire de Paris.
«L’âme juive»
Jean Kahn, président du Consistoire de France, a ensuite évoqué l’histoire de la communauté juive, en France depuis 2’000 ans. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë a rappelé l’Affaire Dreyfus, la rafle du Vel d’Hiv, la déportation mais a aussi mis en avant la «fraternité» et «l’enrichissement» de la société française grâce à «l’âme juive».
Le Grand Sanhédrin était une idée de Napoléon. Il avait baptisé ainsi cette assemblée en référence à l’aréopage de grands prêtres qui, à Jérusalem, représentait les Juifs auprès des Romains. Le Grand Sanhédrin parisien s’était réuni du 10 février au 13 mars 1807 dans la même salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville de Paris. Les Juifs avaient acquis la citoyenneté française en 1791 mais continuaient à vivre en communautés avec leur propre système de justice, leur état-civil. Napoléon voulait au contraire qu’ils soient des citoyens à part entière, avec les droits et les devoirs que ce statut implique.
Une exposition sur l’»Histoire des Juifs de France» rappelle les 2’000 ans de la communauté, ses traditions, son patrimoine et ses grands hommes. La Mairie de Paris abrite également (jusqu’au 29 avril) une autre exposition, en mémoire des «11’400 enfants juifs déportés de France» dans les camps de la mort de l’Allemagne nazie, qui a été montrée dans les gares françaises. (apic/ag/vb)