Paris: Les luthériens de France réagissent au départ de Michel Viot, «évêque» luthérien
«Dominus Iesus» montre que Rome n’a pas évolué
Paris, 17 juillet 2001 (APIC) L’annonce lundi 16 juillet du passage à l’Eglise catholique du pasteur luthérien français Michel Viot, ayant rang d’évêque, n’a pas laissé indifférente l’Eglise évangélique luthérienne de France, dont il était Inspecteur ecclésiastique à Paris. Elle souligne que la démarche de Michel Viot, qu’elle respecte, est «strictement individuelle».
Dans une déclaration intitulée «Nous restons protestants», l’Union ynodale régionale de l’Eglise évangélique luthérienne à Paris, membre de la Fédération protestante de France, critique les récentes déclarations de Michel Viot. Elle dit respecter une décision individuelle qui n’implique pas l’Eglise luthérienne en tant que telle, qui entend bien rester indépendante.
«La Réforme n’est pas un accident, mais le début d’un renouvellement de l’Eglise – de toute l’Eglise», affirme l’Eglise luthérienne dans un communiqué à propos des déclarations de Michel Viot, qui a annoncé lundi 16 juillet dans les colonnes du quotidien catholique français «La Croix» qu’il rejoignait les rangs de l’Eglise catholique.
Parce qu’ils sont et restent luthériens, ceux-ci accordent une grande importance à la liberté du chrétien. «Si l’un d’entre nous devient catholique romain, nous ne le retenons pas à la manière d’une secte, déclarent-ils; c’est à lui d’assumer et d’expliquer son évolution. Nous respectons la liberté de Michel Viot dans ses cheminements», écrivent la pasteure Marie-France Robert, Inspecteur ecclésiastique, et Jérôme Grondeux, président du Conseil synodal.
Une démarche «un peu surprenante»
Si la démarche est «toujours un peu surprenante» venant de quelqu’un qui avait accepté d’exercer la responsabilité d’Inspecteur ecclésiastique, les signataires la respectent» dès lors qu’elle correspond à des convictions sincères». Ils auraient toutefois aimé que leur ancien Inspecteur ecclésiastique leur donne de vive voix les explications qu’ils ont découvertes dans «La Croix», mais ils disent en prendre acte.
Les représentants de l’Union Synodale Régionale des Luthériens de l’Inspection de Paris veulent être clairs sur un point: «La démarche de Michel Viot est strictement individuelle. Elle n’implique aucunement notre Eglise régionale, qui est, reste et restera profondément ancrée dans le protestantisme français, en communion par la Concorde de Leuenberg avec l’Eglise Réformée de France (ERF).»
Contrairement à ce que certains ont pu dire, précisent le communiqué, cette communion n’a jamais empêché les luthériens français de développer leur sensibilité propre. «Si, lors de leur dernier Synode national, nos frères réformés ont jugé bon de tolérer que certains non-baptisés communient, le Conseil National de l’ERF a bien précisé qu’il s’agissait de démarches individuelles qui ne remettaient pas en question l’ordre traditionnel, selon lequel le baptême doit précéder l’admission à la Cène. De plus, les Eglises luthériennes maintiennent sur ce point l’intégralité de leur discipline, sans que la Concorde de Leuenberg soit remise en question.»
Rome n’a pas évolué, la déclaration sur la justification ne suffit pas à réunifier les Eglises
Le communiqué ajoute que la Déclaration Commune sur la Justification par la Foi (1999), signée par l’Eglise catholique romaine et la Fédération Luthérienne Mondiale «ne suffit pas à réunifier les Eglises. Elle n’institue pas un consensus complet sur ce qui justifie le croyant, et elle dit elle-même qu’elle ne règle en aucune façon la question fondamentale de l’ecclésiologie et des ministères».
Les signataires notent à ce propos que la déclaration romaine «Dominus Iesus» (5 septembre 2000) «a bien montré que, sur ce point, Rome n’avait pas évolué «. L’Eglise luthérienne n’a pas un système épiscopal tel que l’entend l’Eglise catholique, rappelle le communiqué: «L’Inspecteur ecclésiastique, pasteur des pasteurs et exerçant le ministère d’unité, est élu pour un mandat de cinq ans par le Synode régional, composé lui-même, selon l’organisation presbytéro-synodale, par des représentants des paroisses, en majorité des laïcs. Les femmes reçoivent l’ordination, et nous n’entendons pas y renoncer. Le dialogue oecuménique n’est pas pour nous le chemin du reniement et du rattachement rapide à Rome, mais celui d’une écoute et d’une évolution commune des Eglises.»
Le luthéranisme français n’est pas une forme atténuée du catholicisme
Les signataires du communiqué «Nous restons protestants» persistent à penser que le message luthérien, la manière luthérienne d’annoncer la foi chrétienne et le salut par la grâce, le pardon inconditionnel et transformateur de Dieu, la liberté du chrétien, gardent toute leur actualité. «Ces circonstances doivent nous inciter à nous exprimer davantage et à nous faire mieux connaître dans les temps qui viennent. Le luthéranisme français n’est pas, comme certains le croient, une forme atténuée du catholicisme, mais une sensibilité indispensable au protestantisme français. La Réforme n’est pas un accident, mais le début d’un renouvellement de l’Eglise – de toute l’Eglise.» (apic/cip/fpf/be)