Paris: Parution de «La maladie de l’islam», de l’écrivain tunisien Abdelwahab Meddeb

Un livre engagé contre l’islam

Paris, 12 juin 2002 (APIC) Les attentats du 11 septembre et les scènes de liesse, marginales mais bien réelles, qui les ont accueillis ici ou là dans le monde musulman, ont poussé l’écrivain et poète Abdelwahab Meddeb, Tunisien de Paris à écrire «La maladie de l’islam», un livre engagé contre l’intégrisme.

Cette «maladie de l’islam», comme l’intolérance fut celle du catholicisme et du nazisme celle de l’Allemagne, souligne l’auteur, a pour symptômes «la xénophobie» et «l’antisémitisme», et le «nivellement par le bas» de la pensée.

Elle fait aujourd’hui des ravages jusque chez les jeunes musulmans d’Europe, où des «semi-lettrés» diffusent une religion réduite à des normes de conduite stéréotypées, s’alarme-t-il, en dénonçant «la démission du politique».

Quatre mois après la parution de son livre, Abdelwahab Meddeb a confié à l’Agence France presse avoir découvert «une réalité encore plus grave» qu’il ne l’imaginait, à l’occasion de rencontres avec des lecteurs, enseignants ou élus, confrontés à «un encadrement inquiétant des jeunes des banlieues».

Les étudiants qui ont fait de Tariq Ramadan, universitaire genevois et petit-fils du fondateur des Frères musulmans égyptiens, leur maître à penser évitent, eux, toute occasion de débat contradictoire sur l’islam.

Fils et petit-fils de théologiens à la Zeitouna, la prestigieuse université islamique de Tunis, Meddeb est convaincu que l’islam n’est pourtant pas «d’une nature différente» du christianisme et qu’il peut, comme lui, évoluer: Intégrer le débat, accepter la controverse, la liberté de «penser autrement», la «polyphonie».

Les amnésiques

«Les plus grands amnésiques sur l’islam, ce sont les musulmans eux-mêmes», souligne l’écrivain, professeur de littérature comparée à Paris X et animateur de l’émission «culture d’Islam» sur France Culture. Son livre évoque la dette de la pensée européenne aux sciences, aux techniques et à la philosophie arabes, du temps où l’islam fleurissait à Cordoue, ou à la poésie arabe qui a inventé le mythe de l’amour fou.

Mais après plusieurs siècles de déclin, les réformateurs musulmans du 19e siècle ont voulu «moderniser l’islam» en s’inspirant de la modernité venue d’Europe, un mot d’ordre aujourd’hui devenu chez les intégristes «islamiser la modernité».

Attaché au modèle français de la laïcité, Abdelwahab Meddeb plaide pour que l’école, notamment, fasse connaître la civilisation musulmane, restaure la part arabe de l’Europe, une manière aussi, selon lui, de combattre l’influence de Le Pen et sa vision de l’Histoire. (apic/ag/pr)

12 juin 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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