Fribourg: Ouverture prochaine d’une 21e épicerie Caritas ?
Partenariat de Caritas et de la Haute Ecole de Gestion (HEG)
Fribourg, 26 mai 2011, (Apic) Fribourg sera-t-elle la prochaine ville suisse à avoir son épicerie Caritas ? L’étude de faisabilité réalisée par la Haute Ecole de Gestion de Fribourg (HEG) doit livrer très prochainement ses résultats. Une décision pourra être prise cet automne. Le cas échéant, un 21e magasin Caritas pourrait ouvrir à Fribourg l’an prochain, a indiqué l’oeuvre d’entraide catholique qui présentait son rapport annuel le 26 mai 2011.
En modifiant ses statuts lors de son assemblée générale du 25 mai, Caritas Fribourg s’est ouvert un nouveau champ d’activité : celui de l’entreprenariat social. «A côté de nos engagements traditionnels de soutien aux personnes, en particulier par le service de désendettement, ce nouveau type d’activité répond à de nouveaux besoins», souligne Beat Renz, président de Caritas Fribourg.
Mettre sur pied une entreprise sociale exige d’en définir clairement les objectifs, d’en maîtriser les enjeux et d’en assurer la pérennité. Pour cela, Caritas Fribourg a fait appel au partenariat de la Haute Ecole de Gestion de Fribourg (HEG). Les objectifs d’une épicerie Caritas sont de trois ordres : mettre à disposition des denrées alimentaires à bas prix pour les personnes démunies; créer des emplois en vue de la réinsertion de personnes exclues du marché du travail; et enfin favoriser l’engagement bénévole. Tout cela en maintenant une viabilité économique. «La marge bénéficiaire d’une telle activité étant très faible, il faut une réflexion très rigoureuse pour assurer une rentabilité», souligne Jean-Christophe Zuchuat, professeur à la HEG.
Au-delà de la question de la viabilité du projet d’épicerie Caritas, le partenariat avec la HEG doit permettre de faire un état des lieux des entreprises sociales en Suisse romande et de développer des outils de management spécifiques.
20 millions de francs de dettes cumulées
Le bilan annuel de Caritas Fribourg, dressé par sa directrice Petra del Curto, met l’accent sur quatre domaines d’activités : la consultation sociale, le désendettement, la carte culture et le soutien au bénévolat.
Le service de consultation sociale a offert 276 entretiens pour 111 ménages. Il s’agit de répondre à des difficultés sociales et financières survenues suite à des ruptures dans le parcours de vie des personnes : séparation, divorce, maladie, décès, accident ou chômage. 158 entretiens de soutien et d’orientation avec aide d’urgence ont en outre été proposés, et 62 ménages ont sollicité l’aide de Caritas pour la gestion de budget.
Plus de 20 mios de francs, tel est le montant impressionnant des dettes accumulées par les quelque 300 ménages qui ont eu recours l’an dernier aux services de désendettement de Caritas. Les consultations, possibles également par téléphone et par internet, sont en augmentation. 40% des personnes concernées ont obtenu un assainissement de leurs dettes, parfois sur plusieurs années. C’est déjà beaucoup, mais encore trop peu, relève Joëlle Renevey, responsable du service. D’où l’importance mise par Caritas sur le travail de prévention, en particulier auprès des jeunes des écoles professionnelles, et sur l’information aux travailleurs sociaux.
La carte-culture pas encore plébiscitée
Le lancement de la carte-culture a été un des principaux projets de Caritas en 2010. Cette carte, grâce au soutien de 90 partenaires, donne un accès facilité à de très nombreuses manifestations ou activités culturelles et sportives pour les personnes et les familles à bas revenus. Son succès n’a cependant pas été immédiat, puisque 146 cartes seulement ont été distribuées dans les quinze communes de l’agglomération fribourgeoise ayant adhéré au projet. «Nous devons faire encore un important travail de promotion», reconnaît Petra del Curto. Les responsables des services sociaux dans les communes sont invités à la faire connaître et à la distribuer. Les bénéficiaires doivent être non seulement informés de son existence, mais encore incités à en profiter. Il n’est pas toujours facile de redonner le goût de la culture à des personnes qui ont été contraintes depuis des années à se priver de loisirs, de sorties ou d’activités sportives. Pour ce faire, un nouveau dépliant présentant l’ensemble des activités pour 2011 a été édité.
Soutenir le bénévolat dans les communautés
Le soutien au bénévolat, dans les communautés, les paroisses et les unités pastorales est également un des axes de l’activité de Caritas Fribourg. Caritas ne prétend aucunement à l’exclusivité, relève son président Beat Renz. Mais elle peut apporter son soutien, par la formation, le conseil ou l’échange d’expérience, notamment avec les Conférences St Vincent de Paul ou d’autres réseaux d’entraide. La création d’un dicastère de la solidarité au niveau du vicariat épiscopal du canton de Fribourg est à l’étude. L’idée serait de mieux coordonner les activités de l’Eglise dans le domaine de la diaconie.
Il existe déjà en Suisse 20 épiceries sociales Caritas, dont 8 en Suisse romande (Genève, Neuchâtel, Vaud). Ces épiceries offrent aux personnes en situation de précarité la possibilité d’acheter à bas prix des denrées alimentaires et des produits d’usage courant, accessibles grâce à une carte de légitimation.
Une grande partie de l’assortiment des épiceries provient d’excédents de production, d’erreurs de livraison, de fin de séries et de liquidations. Plus de 300 fournisseurs, dont les groupes Migros, Coop et Denner, en sont partenaires. Les épiceries Caritas disposent d’une centrale d’achat et de distribution située près de Lucerne.
Les épiceries Caritas fournissent en outre des places de travail à des chômeurs de longue durée et à d’autres personnes n’ayant pas accès au marché du travail. Elles permettent enfin un engagement bénévole. (apic/mp)