Pèlerinage romand à Lourdes: 700 bénévoles aux petits soins des malades
«Nous venons soigner par amour des hommes»
De notre correspondant Jean-Brice Willemin
Lourdes, 10 mai 2006 Plus de 700 bénévoles sont aux petits soins des 300 malades venus avec le pèlerinage romand annuel organisé cette semaine. Qu’ils soient professionnels de la santé ou non, ils permettent à des personnes gravement atteintes dans leur santé d’être cocolées pendant quelques jours. Un dévouement gratifiant pour les soignants, heureux de vivre dans la fraternité, que ce soit entre eux ou avec les souffrants.
C’est par trains, bus et avions que près de 3’000 pèlerins de Suisse romande ont rejoint lundi Lourdes pour le traditionnel pèlerinage de printemps.
«Quatre confrères sont impatients de venir rejoindre mon équipe au complet pour venir à Lourdes», confie Francis Rime, médecin-chef du pèlerinage. Les six docteurs peuvent compter sur plus de 700 «hospitaliers» et «hospitalières», qu’encadrent quelques dizaines d’infirmiers et infirmières auprès des 300 malades de Suisse romande. «Fidèle à Lourdes depuis 1993 à la fin de mes études, je vis là un engagement très important qui me donne beaucoup de bonheur», commente Béatrice Crettenand-Pecorini, présidente bénévole des hospitaliers romands. L’enseignante à l’Ecole de soins ambulanciers à Genève revient encore une semaine en été, pouvant compter sur son mari et ses parents pour s’occuper de ses deux enfants. «Tous, nous prenons ce temps sur les vacances et dépensons chacun 800 francs en frais de séjour et de déplacement».
Des incroyants et des réformés
Le plus surprenant, c’est que de très nombreux bénévoles sont loin d’être des piliers d’Eglise. Certains sont incroyants ou agnostiques, d’autres réformés, comme le Dr Philippe Mercier de Bulle ou la jeune pharmacienne lausannoise Martine Vidoudez. Pour cette dernière, venir à Lourdes est d’abord un geste humanitaire envers son prochain et ensuite une affaire de foi. N’est-elle pas gênée par l’immense piété populaire pour la Vierge Marie ? «C’est la première fois que je viens et je n’ai pas encore eu le temps d’aller à la Grotte ; mais je participe volontiers aux célébrations».
Que ce soit pour les messes ou processions, les soignants accompagnent leurs malades de très près. Philippe Mercier s’en explique passionnément: «Nous voulons les rendre capables d’aller à ces grands rassemblements de prière, car ici, ils ont la priorité, acceptés comme ils sont. On les chouchoute, on les revalorise un maximum pour tenir le coup jusqu’à l’année suivante». Pour certains, le séjour est tellement émouvant que leurs problèmes de santé s’aggravent. D’autres vivent difficilement le retour à la maison, après avoir été si bien soignés et aimés par une foule de bien-portants.
Médecins en visite matin, midi et soir
Il est vrai que dans le centre de soins conçu pour accueillir des pèlerins très gravement malades, les médecins viennent matin, midi et soir pour les cas les plus délicats. Au chevet du vieil abbé Georges Maillard, les docteurs Rime et Mercier hésitent à le laisser sortir pour la grande messe internationale du lendemain. «Pourquoi donc êtes-vous revenus à Lourdes cette année, alors que vous avez beaucoup souffert du voyage l’année dernière, lui demandent-ils?» Prononcée avec difficulté, sa réponse les bouleversera: «Je suis de retour pour soigner les parties de mon coeur qui doivent encore être converties». (apic/jbw/pr)