Conflit ouvert entre l’évêque et les paroissiens attachés au prêtre

Pérou: Le cas d’un prêtre non célibataire et papa déchire une petite ville

Lima, 17 janvier 1999 (APIC) Un conflit déchire une petite ville péruvienne, depuis qu’un évêque catholique romain a suspendu un prêtre non célibataire, père de quatre enfants, et les paroissiens, qui demandent que le prêtre soit autorisé à poursuivre son travail.

Selon l’Agence de nouvelles d’Amérique latine et des Caraïbes (ALC), le problème a commencé lorsque Mgr Jesus Moliné Labarte, évêque coadjuteur de Chiclayo, à environ 500 kilomètres au nord de Lima, a suspendu Jorge Arbanil Rico, prêtre de la paroisse de Morrope, pour n’avoir pas respecté la règle du célibat. Jorge Arbanil Rico vit avec une femme, et ils ont quatre enfants.

La majorité des 3’500 habitants de Morrope ont refusé la décision de l’évêque car ils estiment que Jorge Arbanil est un bon prêtre qui les aide en de multiples occasions. Les partisans du prêtre ont occupé l’église et lorsque le nouveau prêtre, Pedro Vasquez Reano, est venu prendre possession de ses fonctions, le 3 janvier, il a été agressé et a du se retirer.

Un communiqué de l’évêché de Chiclayo, daté du 6 janvier, ne mentionne pas l’accusation de faute par rapport à la règle du célibat mais accuse le prêtre de célébrer de six à dix messes par jour et d’obtenir des rentrées d’argent, de 2’500 à 3’100 dollars par mois.

Tant qu’on ne laissera pas le nouveau prêtre prendre possession de ses fonctions, ajoute le communiqué, l’église de San Pedro de Morrope et le bureau paroissial resteront fermés et l’aide de l’organisation internationale Caritas sera suspendue.

Les fidèles catholiques ont placardé sur la porte des églises des affiches sur lesquelles on peut lire: «Monsieur l’évêque, lisez la Bible: 1 Timothée 3:1-6; 2 Timothée 2: 24, et dites-nous si c’est un péché qu’un prêtre ait des enfants» (Le premier passage du Nouveau Testament fait référence aux évêques mariés; le second recommande l’affabilité et la patience.). Les paroissiens ont ajouté: «Si le prêtre est puni pour cela, il faudra agir de même avec ceux qui sont dans la même situation».

Une situation «vieille» de 19 ans

La Conférence épiscopale péruvienne a exprimé sa solidarité avec Mgr Moliné et déclaré que l’Eglise demande à tous les prêtres de respecter la règle du célibat «comme une expression d’appartenance à Jésus-Christ, de sainteté personnelle et de témoignage évangélique de vie».

A l’une des chaînes de la télévision nationale, l’abbé Arbanil a précisé qu’il était prêtre de Morrope depuis 19 ans et qu’avant d’assumer ce poste il vivait déjà avec cette femme et avait parlé de son cas avec l’évêque précédent, qui l’avait adressé au directeur spirituel du diocèse mais n’avait pas décidé de le renvoyer.

L’ancien prêtre Frank Wieser, préésident du mouvement «Dialogue et vie» qui regroupe les prêtres mariés du Pérou ne se déclare pas opposé au célibat des prêtres, mais précise que celui-ci doit être volontaire.

Même s’il manque au Pérou 30’000 prêtres, a-t-il rappelé, entre 700 et 800 prêtres sont exclus du ministère parce qu’ils sont mariés. (apic/eni/pr)

17 janvier 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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