Un missionnaire quitte sa charge de chef négociateur
Philippines: Commission gouvernementale chargée du dialogue avec le Milf en panne
Manille, 21 juin 2007 (Apic) Le Père Eliseo Mercado, missionnaire des Oblats de Marie-Immaculée, a jeté l’éponge. Il vient de se démettre de sa charge de responsable des négociateurs gouvernementaux avec les séparatistes du Front Moro islamique de Libération (Milf), la principale organisation rebelle en activité dans l’île méridionale de Mindanao, théâtre d’une guérilla depuis 30 ans.
Il avait été nommé samedi à la présidence de la commission chargée de dialoguer avec les musulmans. «J’ai renoncé en raison d’objections de la part du Milf», a-t-il écrit à ’Mindanews’.
Selon le chef négociateur du Milf, Mohagher Iqbal, la nomination du Père Mercado pour succéder à Silvestre Afable, directeur de communication de la présidence, aurait été un «mauvais signe pour le processus de paix». En d’autres termes, assure Mohagher Iqbal de telles négociations relèvent du politique, alors que Église et l’État sont séparés aux Philippines».
«Il ne s’agit pas d’un conflit entre musulmans et chrétiens, et c’est pour cette raison que nous ne voulons pas d’un prêtre catholique dans les négociations avec les rebelles islamiques», a précisé Mohagher Iqbal. Le Milf pense en revanche que le Père Mercado devrait diriger une mission indépendante qui contrôle et évalue l’exécution de la trêve entre le gouvernement de Manille et le Milf, en vigueur depuis juillet 2003.
Prêtre kidnappé: sans nouvelle
Le Père Mercado, Philippin de naissance, s’était vu attribuer l’an dernier le prix ’Bukas Palad’ promu par l’Université jésuite de Manille, pour son engagement en faveur de la paix et du dialogue interreligieux entre chrétiens et musulmans, mais aussi pour ses activités destinées aux pauvres et aux marginalisés.
La démission du prêtre de cette commission de dialogue survient alors qu’on reste sans nouvelle du Père Giancarlo Bossi, 57 ans, missionnaire italien de l’Institut pontifical des missions étrangères (Pime), enlevé le 10 juin à Bulawan, dans la province de Zamboanga (ouest de l’île méridionale de Mindanao). Les ravisseurs demanderaient plusieurs dizaines de millions de pesos de rançon. Un euro équivaut à environ 63 pesos philippins. Les responsables de l’enlèvement auraient été localisés dans la province de Lanao del Norte, sur le versant nord-occidental de Mindanao, voisine à celle de Zamboanga. (apic/misna/pr)