Aucun humain ne peut s’arroger le pouvoir de détruire la vie
Philippines: Les autorités religieuses veulent rétablir le moratoire sur la peine de mort
Manille, le 20 janvier 2004 (Apic) Plusieurs responsables religieux philippins ont demandé à la présidente Gloria Macapagal Arroyo de rétablir un moratoire sur la peine de mort. Elles tentent d’obtenir la suspension, de l’exécution, prévue le 30 janvier, par injection létale de deux hommes reconnus coupables d’enlèvements.
«En tant que chrétiens, nous devons proclamer l’absolue domination de Dieu sur la vie humaine», a souligné dans une déclaration l’évêque catholique romain Vicente Navarra, du diocèse de Bacolod, au centre du pays. «Aucune institution humaine ne peut s’arroger le pouvoir de détruire la vie pour une raison ou une autre.» Le prêtre catholique Roberto Reyes, un défenseur des droits de l’homme, a aussi appelé à la conscience de la présidente, en se demandant si le rétablissement de la peine de mort n’était peut-être pas un moyen de gagner des voix lors des élections présidentielles de mai, relate l’agence d’information oecuménique ENI.
Amnesty International a exprimé sa préoccupation concernant l’exécution imminente de Roberto Lara et de Roderick Licayan, condamnés à mort en 1999 pour enlèvements avec demandes de rançon, sentences confirmées par la Cour suprême en 2001. L’organisation rappelle que le Bureau du procureur général a demandé que les exécutions soient différées, dans l’attente d’une révision de leur procès, après deux nouvelles arrestations les 9 et 12 janvier, entre autres celle d’un homme qui pourrait être le cerveau de l’enlèvement et des crimes pour lesquels Roberto Lara et Roderick Licayan ont été condamnés.
La peine capitale frappe surtout les plus démunis
Selon Amnesty, des études ont montré que «la peine capitale frappait de manière disproportionnée les personnes les plus démunies, bénéficiant d’un plus faible niveau d’éducation et plus vulnérables que la moyenne. De surcroît, le risque d’erreur judiciaire existe toujours, alors que la peine capitale est un châtiment aux conséquences irréversibles.»
Treize envoyés européens ont visité le 15 janvier le quartier des condamnés à mort à Muntinlupa, au sud de Manille, rappelle ENI. Ils ont réaffirmé leur opposition à la peine capitale, reprenant la position d’Amnesty selon laquelle la peine capitale n’a pas d’effet dissuasif sur la criminalité.
Mais le porte-parole de la présidente, Ignacio Bunye, a rejeté l’appel des envoyés, en soulignant qu’ils devaient respecter la position de la présidente sur la peine de mort et que ceci était une «affaire interne». Le porte-parole a ajouté que la présidente devait suivre la décision de la cour suprême et «donner une leçon aux ravisseurs».
Selon les dossiers officiels, il y a 1’005 prisonniers dans les couloirs de la mort aux Philippines, et parmi eux de nombreux condamnés pour viols et enlèvements. Sur ces condamnations, 165 ont été confirmées par la Cour suprême, et seule la présidente peut surseoir à leur exécution. (apic/eni/bb)